Dans un rapport publié hier lundi 10 juillet, l’ONU prévient que l’incapacité à redoubler d’efforts à l’échelle mondiale pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), qui promettent un monde meilleur pour tous, pourrait alimenter une plus grande instabilité politique, bouleverser les économies et entraîner des dommages irréversibles à l’environnement naturel.

Pour mémoire, en 2015, les dirigeants mondiaux ont fait une promesse historique de garantir les droits et le bien-être de chacun sur une planète saine et prospère lorsqu’ils ont convenu du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de ses 17 ODD. Cependant, selon le rapport sur les objectifs de développement durable 2023, les effets combinés de la crise climatique, de la guerre en Ukraine, des sombres perspectives économiques mondiales et des effets persistants de la pandémie de la COVID-19 ont révélé des faiblesses systémiques et considérablement entravé les progrès vers les objectifs.

Alors qu’il ne reste que 7 ans pour la mise en œuvre de ces Objectifs, les enjeux sont énormes. En utilisant les dernières données et estimations disponibles, le rapport présente une image qui donne à réfléchir sur les ODD alors que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable a démarré lundi et doit durer jusqu’au 19 juillet. Le Forum, au cours duquel les pays présenteront des actions concrètes menées pour atteindre les ODD, précède le Sommet sur les ODD prévu en septembre, un moment décisif pour les dirigeants mondiaux pour inverser de toute urgence la tendance et relancer les ODD.

Sur les quelque 140 cibles pouvant être évaluées, la moitié d’entre elles présentent des déviations modérées ou sévères par rapport à la trajectoire souhaitée. En outre, plus de 30% de ces objectifs n’ont enregistré aucun progrès ou, pire encore, une régression en dessous du niveau de référence de 2015. Selon le rapport, les effets de la pandémie de la COVID-19 ont bloqué trois décennies de progrès constants dans la réduction de l’extrême pauvreté, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté augmentant pour la première fois depuis une génération.

Si les tendances actuelles persistent, d’ici 2030, 575 millions de personnes resteront piégées dans l’extrême pauvreté et environ 84 millions d’enfants et de jeunes ne seront toujours pas scolarisés, rapporte le rapport. Sur la base des données recueillies en 2022 dans 119 pays, 56% des pays n’avaient pas de lois interdisant la discrimination directe et indirecte à l’égard des femmes. La hausse de la température mondiale a déjà atteint 1,1°C au-dessus des niveaux préindustriels et devrait atteindre ou dépasser le point de basculement critique de 1,5°C d’ici 2035.

Le rapport avertit également que si l’absence de progrès est universelle, ce sont les plus pauvres et les plus vulnérables qui subissent les pires effets de ces défis mondiaux sans précédent.