Dans les polders du Lac, les exploitants agricoles reprennent les activités après 4 ans d’arrêt dû à la montée des eaux. La construction de nouvelles digues a permis de contenir les eaux qui occupent l’espace cultivable.

Par moment, on se croirait perdu. La distance est courte mais la route serpentée et sableuse rend le trajet pénible. Puis apparait entre les dunes de sable et les bosquets, le village Kanglam dont les habitants sont les véritables connaisseurs du polder.

De ce village pour atteindre le polder, il faut encore parcourir une distance de 12km. De loin, l’on aperçoit, à perte de vue, des champs occupés la zone asséchée du Lac. « C’est une première depuis 4 ans » lance fièrement Ahmat Wadi, exploitant depuis 30 ans.

Pour obtenir cette étendue de terre cultivable, c’est une véritable conquête. Les paysans luttent chaque année contre la montée des eaux qui, lorsque la digue cède, détruit des milliers d’hectares de champs.

Les digues artisanales construites par les paysans des 16 villages autour du polder réunis en coopérative n’ont pas servi à grand-chose. « Quand l’eau monte, on contrôle jour et nuit les digues mais quand l’eau vient avec pression ça cède et tout part dans l’eau » se souvient encore Adoum Mallimi, vice-président de la coopérative.

Découragés, la plupart des ménages  a abandonné la terre et rejoint la capitale, la Libye ou le nord du pays à la recherche de l’or.

Au bout de plusieurs années d’inactivité et de désespoir, l’Etat tchadien et le Fonds International du Développement Agricole (Fida) ont formulé pour le compte du G5 Sahel, le programme conjoint Sahel en réponse aux défis de la Covid-19, conflits et changement climatique dit (SD3C) pour venir au chevet de ces laborieux paysans.

Grâce aux digues construites par le programme, les exploitants ont conquis plus 700 hectares sur les 1600. Les maïs semés à la fin du mois de mai sont en train d’être récoltés pendant que d’autres sont mis en place. C’est la particularité de ce sol riche en azote exploité tout le long de l’année. « Il n’y a qu’au polder qu’on peut voir ça » se réjouit le chef du programme.

Un exploit qui a redonné du sourire aux 3 200 ménages qui exploitent le polder. Pour le chef du programme SD3C, Souapebe Gabpobe Aristide les objectifs du programme sont en train d’être atteints et le retrait des eaux dans l’espace inondé va se faire progressivement.  « D’ici novembre à décembre, l’eau va se retirer définitivement et les 1600 hectares seront entièrement exploités » espère-t-il.