La journée mondiale de soutien aux victimes de torture est célébrée ce 26 juin. Seilou Dorsouma, président de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, section du Tchad (ACAT-Tchad), constate dans une interview accordée à Tchadinfos qu’il n’y a pas d’avancées et que les victimes de torture sont souvent abandonnées.
Quel état des lieux des cas de torture au Tchad ?
On parle de torture lorsqu’un agent de l’État est impliqué. Ça peut être un policier, un gendarme, un militaire. La torture peut être physique, morale et psychologique.
La torture, sous plusieurs formes, ne se vit pas seulement dans les commissariats, les maisons d’arrêt. Nous vivons la torture de manière générale.
Il n’y a qu’à voir la manière avec laquelle les services publics sont mis à la disposition des citoyens.
Est-ce qu’il y a des chiffres ?
Nous n’avons pas de moyens pour recenser tous les cas de torture. Même si c’est le cas, ça va prendre tous les livres du monde.
On se souvient encore des 40.000 victimes de Hissène Habré, les manifestants du 20 octobre 2022, etc.
Peut-on parler d’un recul en matière des droits humains ?
Depuis l’indépendance, est-ce qu’il y a une année que les Tchadiens ont passé sans vivre de violence ? Il n’y en a pas. La torture est légion.
Que fait l’ACAT pour soutenir les victimes de torture ?
On n’a pas de moyens pour les accompagner pour qu’elles obtiennent leur indemnisation. Nous assistons surtout celles qui sont détenues de manière illégale.
Que recommandez-vous à l’Etat tchadien ?
Il faut qu’il y ait un mécanisme de réparation interne. L’État doit mettre en place un fonds qui doit permettre d’indemniser toutes les victimes, même celles dont on n’a pas identifié l’agent public impliqué.
Nous recommandons aussi la modification de l’article 323 du code pénal à l’effet de le conformer aux dispositions de l’article premier de la convention contre la torture.