Dans le département de Kaya, province du Lac-Tchad, “moins de 10% des enfants achève le cycle primaire” (rapport Humanité et inclusion 2019). La pauvreté, la garde des troupeaux et la qualité des infrastructures scolaires, etc. sont pointées du doigt.

Jeudi 24 février à 6 heures. L’air est calme sur la seule et principale voie de Bagassola, chef-lieu du département de Kaya dans la province du Lac-Tchad. Une trentaine de minutes plus tard, un groupe d’enfants emprunte la route et se dirige vers le nord. Habillés d’un complet bleu, d’autres vêtus en pantalon noir accompagné d’une chemise à la couleur blanche. Les uns partent à l’école “Pilote” située à quelques kilomètres de la ville. D’autres se dirigent vers l’école Catholique communautaire. Une structure scolaire créée par des religieux il y a des années à Bagassola.

Un peu plus loin, quelques enfants arpentent la route et tentent d’arrêter les véhicules qui passent. Ces enfants traînent en petit groupe à la recherche d’un peu de nourriture.

Peu d’enfants scolarisés

Dans cette zone occidentale du pays, peu d’enfants fréquentent l’école étrangère. “La plupart des enfants qui partent à l’école sont des enfants issus des familles venus d’ailleurs (sud, centre). Les enfants autochtones, la grande partie se trouvent dans les écoles coraniques“, informe un enseignant de la localité. Bon nombre d’enfants sont utilisés pour la garde des troupeaux. D’autres à la recherche des herbes pour les animaux domestiques.

La question de la scolarisation des enfants se pose avec acuité non seulement dans la ville de Bagassola mais également dans les villages environnants du département de Kaya. À Tagal, village situé à 7 km de Bagassola aucune structure d’enseignement n’est visible. Même situation sur les sites des déplacés situés à environ 200Km selon le préfet du département. A Bibi Boulama, un site de déplacés situé à une dizaine de km de Bagassola, quelques parents ont construit une salle de classe en paille pour l’éducation de leurs progénitures. Dans ce site, un maître communautaire se donne volontier pour enseigner les élèves.

Interrogé sur la question, le préfet du département, Hassane Abdramane Haggar indique n’avoir pas compris l’attitude des parents. “Ici il y a une habitude, un éleveur qui inscrit son enfant à l’école cette année, l’année prochaine il laisse à un autre. C’est un peu difficile. Au début ce n’était pas facile parce que les enfants sont utilisés pour l’agriculture, le pâturage et des céréales“.

Dans ce département, plusieurs écoles ont été construites par les humanitaires qui y opèrent. Certaines écoles ont fermé leurs portes il y a quelque temps. “Beaucoup d’entre elles ont cessé de fonctionner…“, indique le préfet.

Les chiffres

Malgré des progrès, peu d’enfants du département viennent à l’école. D’après le rapport de l’ONG Humanité et inclusion (HI) fourni en 2019, la situation éducative dans le Lac-Tchad est préoccupante. Selon cette organisation humanitaire, moins de 10% des enfants achèveNT le cycle primaire. “Le taux d’analphabétisme chez les 15 ans et plus est de 95,8%, et le pourcentage d’enfants en âge d’être scolarisés (6-14 ans) qui sont en dehors de l’école est de 62%”. D’après le document de HI, la zone compte une dizaine d’écoles formelles, et 9 non formelles.

Bien que le Tchad ait ratifié la Convention relative aux droits de l’Enfant et la Charte Africaine sur les droits et le bien-être de l’Enfant, leur application s’avère être très difficile. Au delà de l’éducation, il y a beaucoup de problèmes auxquels les enfants tchadiens font face tels que le manque d’accès aux soins de santé, la pauvreté, le travail des enfants, etc.