Au Tchad, la littérature trouve d’énormes barrières empêchant son évolution. Le président de l’Association des écrivains et auteurs tchadiens (ASEAT), Mbernodji Sosthène, estime que la littérature tchadienne est en pleine évolution, mais avec des contenus qui laissent à désirer.

Pour Mbernodji Sosthène, toute littérature est tributaire d’un événement. Et la littérature tchadienne a pris son envol en 1962 avec la publication du recueil des contes ” Au Tchad sous les étoiles” de Joseph Brahim Seid. Mais bien avant cela, rapporte Mbernodji Sosthène, il y avait Palou Bebnoné qui avait écrit la dot, L’histoire de Mbang Gaourang, le roi du Baguirmi qui ont été retrouvés à la bibliothèque de la Radio France internationale. “Malheureusement ces textes n’ont jamais eu la chance de bénéficier d’une publication, voilà pourquoi Joseph Brahim Seid qui a publié chez Présence africaine en 1962, reste officiellement le premier écrivain tchadien”, explique le président de l’Association des écrivains et auteurs tchadiens. L’évolution de manière analogique ou diachronique de la littérature tchadienne fait une référence à tout ce que le Tchad a connu comme événement, poursuit-il.

Jadis, les écrivains tchadiens écrivaient des pièces de théâtre et des nouvelles qui sont des genres littéraires accessibles. “Je peux citer Noël Ndjékéry qui avait déjà commencé à écrire déjà des nouvelles, il a été primé en 1980 avec “La descente aux enfers”. Donc, on avait eu des précurseurs écrivains de la première heure, par la suite dans les années 1990, le Tchad a connu une période de dictature qui n’a pas été favorable à la production livresque”, situe l’homme des lettres. La véritable éclosion va se faire sentir après 1990 où à la faveur de la démocratie institutionnalisée, beaucoup d’écrivains ont commencé par produire des œuvres. L’avènement de la Maison Editions Sao de Laring Bao au début des années 2000 a ouvert la porte à une floraison des titres, explique Mbernodji Sosthène.

À la question de l’évolution de la littérature tchadienne avec l’arrivée des jeunes écrivains, il affirme que le contenu peu attirant des productions des jeunes auteurs met à mal l’image de la littérature tchadienne. “La comparaison, c’est que si nous prenons les anciens textes, nous retrouvons la qualité de l’écriture et la profondeur des textes produits, alors que si nous prenons les jeunes écrivains de nos jours, nous ressentons la précipitation doublée de l’amateurisme. Il est vrai que les canaux de l’écriture sont là, mais il va falloir sortir du lot en proposant des contenus originaux”, note-t-il.

En ce qui concerne l’organisation du mois du livre et de la lecture, le président de l’association des écrivains et auteurs tchadiens, Mbernodji Sosthène demande l’implication des acteurs du livre.

“La littérature tchadienne est en perpétuelle évolution malgré l’amateurisme des jeunes écrivains avec des contenus peu attirants. Il faut beaucoup lire avant de devenir écrivain, un grand lecteur est potentiellement un écrivain”, conclut-il.