Dans la Commune de Koumra, chef-lieu de la Province du Mandoul, un nombre assez important d’enfants non scolarisés et déscolarisés sont exploités dans les restaurants, maisons, débits de boissons, usines de nettoyage de sésame, fabrications de briques, transports, ventes de fagots, charbon de bois.

Si certains sont de la ville, d’autres par contre viennent des villages environnants et se retrouvent cinq (05) à huit (08) par manque de moyens, dans une seule chambre, ce qui engendre des grossesses incestueuses, sans oublier ceux qui se livrent au vol ou à la prostitution pour subvenir difficilement à leurs besoins.

Face à cette situation, l’Association pour la Récupération des Enfants en Détresse et la Défense des Droits de l’Homme (ARED), dans le cadre du Projet : ” Briser les chaînes de l’exploitation du travail des enfants dans la province du Mandoul au Tchad” financé par Woord en Daad, a initié au centre de lecture et d’animation culturelle ce mercredi, une journée d’information publique sur le thème : ” La responsabilité institutionnelle et parentale face aux risques et périls liés au travail des enfants dans la commune de Koumra”.

Dans une longue présentation, le chef de ce projet Madjiadoum Hugues s’est apaisenti sur quelques causes et facteurs de l’exploitation du travail des enfants dont les plus visibles sont: le non-respect des Droits de l’enfant, l’abus de pouvoir, l’inégalité sociale, la pauvreté des parents, l’accès difficile à la scolarité, l’intérêt des employeurs, les crises liées aux catastrophes naturelles et conflits. Il n’a pas perdu de vue les principaux Droits de l’enfant ainsi que des textes et lois ratifiés par le Tchad qui répriment leur violation notamment :

– la convention contre la torture de 1994;

– la convention internationale relative aux droits de l’enfant ainsi que la charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant de 1990;

– la convention n°182 sur les pires formes de travail des enfants de 1999;

– la loi 12 portant lutte contre la traite des personnes en République du Tchad ;

– le code de travail et le code pénal tchadiens.

Madjiyara Ngar Alkoa, le coordonnateur national de l’ARED a saisi aussi l’occasion pour parler des deux formes d’exploitation du travail des enfants dont le travail socialisant qui est par la société et le travail exploitant qui est prohibé par les textes nationaux et internationaux.

Des échanges, témoignages et débats entre les participants qui sont des responsables des services publics, les leaders de la société civile et pasteurs, les associations des jeunes, les jeunes ambassadeurs , les forces de défense et de sécurité, autorités traditionnelles, personnel de la commune ont permis de situer les différentes responsabilités, de comprendre les conséquences liées à cette pratique.

Les forces de l’ordre ont, en ce qui les concerne, demander l’organisation des raffles en récupération de ces enfants pour les remettre à leurs parents, assortis de fortes amendes.

Ils promettent pérenniser ce cadre d’échange qui doit être une initiative de la mairie afin de parvenir à des pistes de solutions concrètes afin de réduire la prévalence de l’exploitation du travail des enfants.

Alex Loubadjo Djassibaye