A Koumra dans la province du Mandoul, l’exploitation des enfants est une réalité qui a la peau dure.
Cabarets, bars, marchés et rues de la ville de Koumra abondent d’enfants qui déambulent avec leurs marchandises en main ou sur la tete pour les céder aux éventuels preneurs. On y trouve des vendeurs de cigarette, des carottes, des mangues, des habits et d’autres qui font dans le transport des briques avec des ânes en destination des chantiers. Certains de ceux-là ont abandonné l’école pour se lancer dans ces différentes activités. D’autres partent à l’école avant de revenir liquider leurs articles. Il y en a de toutes catégories. Des orphelins ou abandonnés et ceux employés par leurs propres parents/tuteurs.
Nanmadji Hervé, âgé de 13 ans, rencontré dans une alimentation, affirme faire de la vente ambulante pour de petits besoins. “C’est mon oncle paternel qui m’a demandé de faire ça. Au début de la rentrée scolaire de cette année, il m’a tendu 10 000f pour acheter les cahiers, les stylos à bille, et autres articles en vue de les revendre et que les bénéfices devraient me servir à manger à l’école et payer les savons. Car, il est sous crédit”, rapporte-t-il.
Quant à Armel Ngarassem, rencontré dans un convoi d’ânes transportant des briques cuites, il ne fréquente pas l’école. Son activité principale, convoyer les briques cuites. “Le mari de ma soeur a beaucoup d’ânes, il les met au service du transport des briques cuites. On ne fréquente pas, c’est cette activité qui nous nourrit”, témoigne-t-il, pitoyablement. Le bonhomme dit être fatigué : “je veux repartir au village mais ce n’est pas facile”, avoue-t-il.
Assis sous le cailcedrat, Tog Aubin expose ses statues en bois que lui donne son oncle paternel qui est un sculpteur. C’est de ça qu’il est nourri. “Le jour où je n’arrive pas à vendre un bois travaillé, je n’aurai pas à manger car ils vont me dire que j’ai laissé les articles pour aller jouer au ballon”, raconte le garçon.
Avec cette période de mangues et des produits maraîchers ( carotte, salade, choux…), beaucoup d’enfants viennent des villages environnants comme Kemkada, Koko, Nara…et ne rentrent que la nuit après avoir ou non tout vendu ces produits.
Ces enfants qui sont exploités par des adultes trainent sur la voie publique et sont exposés à des accidents de circulation et aux maladies. Ils sont des fois escroqués ou extorqués par de personnes mal intentionnées. Si pareil cas se produit, ceux-ci doivent s’attendre à une bonne correction que leur infligent les parents ou tuteurs. Pourtant, la convention des droits de l’enfant interdit le travail des enfants qui est considéré comme une exploitation. Les autorités provinciales sont interpellées.
Alex Loubadjo Djassibaye, correspondant à Koumra