Il y a quelques jours, une mission de l’unité de gestion du projet 50.000 emplois décents pour les jeunes, conduite par son coordonnateur Kemba Didah Alain, a séjourné au sud du pays pour la remise des fonds aux bénéficiaires dudit projet. Un projet dont beaucoup de candidats ont dénoncé le manque de transparence dans la sélection des dossiers. Dans cette interview, Kemba Didah Alain répond à cette polémique et donne davantage d’informations sur cette initiative.

Vous avez évoqué trois composantes du projet. Quelles sont ces différentes composantes ?

Merci de l’opportunité que vous nous offrez. D’abord, je tiens à préciser que l’initiative 50.000 emplois décents est un projet du chef de l’Etat qui vise à créer 50.000 emplois décents en trois ans pour les jeunes. Le projet comporte trois composantes, notamment le financement des projets des jeunes qui doit créer 20.000 emplois, la formation aux métiers qui doit toucher 20.000 jeunes et en fin le recrutement et le déploiement de 10.000 volontaires. C’est l’ensemble de ces trois composantes qui doit faire 50.000 emplois décents.

Sur plus de 21.000 dossiers reçus, peut-on avoir une idée du nombre de ceux qui reçoivent leur financement pour cette première vague ?

Nous sommes en mesure de vous dire que tous les dossiers ont été déjà sélectionnés par le comité de sélection qui a été mis sur pied par arrêté du ministre. Nous avons entamé une mission dans la zone méridionale du pays pour octroyer effectivement les financements, notamment la première vague aux bénéficiaires. Après la zone méridionale, les autres provinces du pays, notamment à l’Est et au Nord, bénéficieront effectivement de leurs fonds dans le cadre de ce projet.

Donc les listes seront publiées progressivement ?

Effectivement. Toute la liste est déjà disponible. Progressivement, nous allons les rendre publiques et en même temps déployer les missions dans toutes ces provinces pour que les jeunes puissent effectivement bénéficier de cette promesse du chef de l’Etat.

Vous dites qu’il y aura d’autres vagues de financement. Mais il y a des candidats et une bonne partie de l’opinion qui en doutent. Pouvez-vous les rassurer ? Y a-t-il un calendrier pour les autres vagues ?

Les gens ont douté dès le début. Mais aujourd’hui, ils nous donnent raison parce que ce projet n’est pas un mythe. La deuxième vague viendra. Ce projet est une réalité. Je tiens vraiment à rassurer les jeunes qu’ils peuvent croire, que la machine est en marche et bientôt les prochaines vagues seront lancées.

Vous avez dit qu’il y a des candidatures rejetées pour dépassement d’âge. Quelle est la tranche d’âge concernée par ce projet ?

Comme c’est un projet des jeunes, l’appel à candidature qui a été lancée en juillet 2022, nous avons bien mentionné que le projet concerne les jeunes de 15 à 35 ans. Donc ceux qui ont dépassé cette tranche, leurs dossiers sont immédiatement rejetés.

Il y a des voix qui se sont élevées pour dénoncer un manque de transparence ou encore le détournement des projets. Concrètement, par qui et comment la sélection a été faite ?

Je pense plutôt qu’il y a eu moins d’informations communiquées par l’unité de gestion sortante par rapport au processus de sélection. Il y a absolument une transparence dans la sélection des dossiers qui ont été soumis à l’évaluation. Pour preuve, aujourd’hui, les jeunes qui reçoivent les financements, vous pouvez les interroger. Parfois, ce sont des jeunes qui n’ont pas imaginé…Parce que par le passé, il y a eu des comportements, comme partout dans la société, les gens ont fini par perdre espoir. Mais aujourd’hui, les jeunes qui bénéficient, la plupart, ce sont des gens qui n’ont pas imaginé que leur projet sera financé. Donc il y a eu une transparence absolue dans la sélection, des critères d’évaluation très clairs ont été mis à la disposition du comité de sélection qui est composé des experts en la matière. Ce comité a travaillé d’arrache-pied pour pouvoir sélectionner les projets porteurs. Aujourd’hui, nous sommes dans la phase de concrétisation. Les autres jeunes qui sont retenus dans le cadre des prochaines vagues, je leur demande tout simplement de patienter, leur tour viendra.

Quels sont les critères pris en compte dans la sélection des projets ?

Il y en a plusieurs. Il y a par exemple l’apport du promoteur, l’innovation que le projet apporte, la faisabilité technique et financière. C’est des critères d’évaluation technique dans le fond et la forme du projet pour voir si réellement, en fonction de l’environnement proposé, ce projet peut être viable.

L’expérience a montré que les gens remboursent rarement les crédits qu’on leur octroie. Dans le cadre de ce projet, quelles sont les dispositions que vous avez prises pour éviter que ces fonds ne soient des fonds perdus ?

Le ministère de la Jeunesse, plusieurs fois, a octroyé des financements à travers divers programmes aux jeunes porteurs de projets. Nous avons appris de ces expériences en mettant sur pied un mécanisme nouveau pour permettre le recouvrement effectif des différents financements octroyés. En commençant par exemple par le système de parrainage que nous avons instauré. C’est quelque chose de nouveau qu’il faut saluer. La convention que nous signons avec les bénéficiaires, en présence de leurs parrains qui prennent aussi l’engagement de pouvoir rembourser l’argent si jamais le promoteur ne met pas en œuvre le projet.
L’autre mécanisme pour aider réellement les jeunes à mettre en œuvre leurs projets, nous avons décidé de renforcer les capacités des bénéficiaires à travers une formation sur la gestion de la trésorerie, le marketing, bref sur la gestion des projets pour aider ces jeunes à être déjà prêts avant de recevoir le financement. Nous avons au sein de l’unité de gestion un département en charge de suivi et un autre département en charge de recouvrement. Ces deux départements travaillent de connivence pour pouvoir suivre individuellement tous les porteurs de projets afin de nous permettre de savoir le niveau d’exécution des différents projets. Il faut le préciser aussi que le délai de remboursement commence à partir du troisième mois pour certains projets, et c’est jusqu’à 36 mois. C’est-à-dire qu’au bout de trois ans, les différents financements doivent être totalement remboursés. Dans la convention qui a été signée avec les différents promoteurs, il y a un échéancier qui est précis, clair par secteur d’activité.

Dans les provinces, nous avons les délégués de la jeunesse, des sports, des loisirs et du leadership entrepreneurial qui sont d’office nos points focaux. Ils sont représentés aussi dans les départements, dans les sous-préfectures pour pouvoir suivre individuellement les bénéficiaires. Et au niveau national, nous avons les deux départements dont je viens de faire mention qui travaillent en collaboration avec les délégués. Régulièrement, ils vont mener des missions de terrain pour pouvoir suivre l’évolution des activités des promoteurs qui ont bénéficié des fonds. Voilà un peu le mécanisme nouveau que nous avons mis en place pour pouvoir recouvrer cet argent afin d’aider aussi d’autres jeunes qui sont dans le besoin.

En cas de non remboursement, y a-t-il de sanctions prévues ? Des poursuites en justice par exemple ?

Les parrains ont pris l’engagement de rembourser en fournissant un certain nombre d’informations. Du coup si le promoteur n’arrive pas à rembourser, le parrain est contraint de rembourser intégralement l’argent mis à la disposition du promoteur. Il faut rappeler aussi que le crédit octroyé est à taux d’intérêt 0%. Donc le promoteur doit rembourser intégralement le montant qui a été mis à sa disposition. A défaut, c’est son parrain qui assume toute la responsabilité.

Et si le parrain refuse de payer ?

Le parrain, en signant l’engagement, il a décidé de suivre déjà le promoteur dans l’exécution de sa tâche. Ensuite, si jamais le projet échoue, c’est le parrain qui prend la responsabilité. Dans les dossiers que nous avons demandés, il y a un certain nombre d’informations qui sont fournies par le parrain lui-même qui s’engage effectivement à faire ce travail.