Autrefois dans la province du Guéra, l’on entend seulement parler du changement climatique, mais aujourd’hui, comme un peu partout au Tchad, l’on le vit de plein fouet. La rareté et l’irrégularité des pluies s’observent partout dans cette partie du pays. En passant de Mangalmé à Baro de Mongo à Bitkine de Melfi à Chinguil le constat est presque le même.

Par exemple, en trois mois, la météorologie de la ville de Mongo n’a enregistré que 364 millimètres de pluie. Pour le météorologiste Abdoulaye Mahamat, cette quantité enregistrée est très faible.

C’est le mois d’août mais le ciel est toujours bleu. La reine du Guera est malheureuse. Généralement au mois d’août, elle est couverte de nuages. Ce n’est pas le cas cette année. Et parfois, même si le ciel est chargé, un grand vent empêche la pluie de tomber.

Dans les champs, l’on constate que le mil, l’arachide, le sésame, le gombo, le haricot et l’oseille flétrissent suite à la rareté des pluies. Cette situation devient plus préoccupante pour la population du Guéra qui ne sait à quel saint se vouer.

Ce phénomène naturel inquiète les agriculteurs en général et constitue une menace pour les producteurs dont l’agriculture est la seule activité.

C’est le cas de Moussa Idriss Hidjer, un producteur, la quarantaine révolue, qui s’exprime en ces termes : ” Tout est perturbé. Auparavant, nous avions un calendrier cultural stable. Nous connaissions avec précision les périodes de semi et celle des récoltes, alors que ce n’est plus le cas. Et nous n’avions rien fait encore parcequ’il y a une manque de pluie. Et les effets de ces dérèglements affecteront sûrement les rendements agricoles. Nous avons peur de tomber dans une famine.”

Djimet Matalama Gamar, un autre agriculteur, s’inquiète : ” On craint qu’une bonne partie des cultures ne boucle pas le cycle avec cette rareté. Et après, on va avoir le problème de manque de vivres.”

Pour Fatimé Nassour, cette rareté des pluies est une malédiction. Pour elle, le sang a beaucoup coulé cette année dans la province du Guéra. Cette rareté et l’irrégularité des pluies est la conséquence de ce que les hommes font.

Interrogé à ce sujet Cheikh Zakaria Choueb Mahamat Nousradine vice-président du conseil supérieur des affaires islamiques du Guéra a souligné que c’est un phénomène naturel et que seul Dieu connait la réalité des choses. Il a saisi cette occasion pour exhorter les fidèles croyants à implorer sans cesse la miséricorde de Dieu. Et d’abandonner les mauvais comportements afin que Dieu fasse sa grâce pour qu’il ait la pluie en abondance dans la province du Guera.La population, très inquiète, tourne son regard vers Dieu en faisant des sacrifices et des prières pour implorer sa grâce.

Yohane Djimet Djibrine, correspondant au Guéra