Après les majestueuses montagnes, s’il existe un autre patrimoine dans le Guéra, ça serait bien l’huile de sésame.  Les femmes de la coopérative agricole “Abzona” s’évertuent depuis plus de 20 ans à produire à l’aide des moyens rudimentaires, une huile de sésame pure.

Un après-midi sous la chaleur suffocante de la ville de Mongo, Khadidja Koto observe, à partir d’un petit ombre sa machine. Il s’agit d’un pressoir artisanal fait à base d’un tronc d’arbre et actionné par un taureau bien gras.

Au bout de 4 heures, un liquide mousseux, légèrement visqueux remplit la surface du pressoir. « C’est ça l’huile de sésame pure », fait savoir la trésorière tout en remuant le fond avec un gobelet. « Mon fils, cette méthode est ancestrale », lance la présidente de la coopérative assise, sur sa natte.

Depuis 1995, ces femmes de la coopérative ‘’Abzona’’ produisent, de manière artisanale, une huile très recherchée sur l’ensemble du pays et que beaucoup, lui prête des vertus thérapeutiques. De 7 membres au début de sa création, la coopérative compte aujourd’hui, 3 groupements en son sein avec 32 membres, uniquement des femmes.

 

Grâce à un système de permanence imposé à chaque membre, ‘’Abzona’’ a une capacité de production de 16 litres d’huile par jour. La coopérative, plantée au cœur du quartier Mondjino dans le secteur 10 de Mongo, se sert de sa réputation pour vendre ses huiles. « On n’a pas une boutique, les clients viennent directement ici et plus souvent on envoie des bidons d’huile partout même à N’Djamena par le biais des agences de voyage » explique la présidente.

La zone du Guéra est le fief de la culture de sésame, ce qui peut constituer un atout pour la coopérative. Toutes les variétés sont sur place et le prix de la matière première est raisonnable par rapport aux autres coins du pays.

En cette période de l’année, le sac de sésame coûte, selon les dires de la trésorière, 70 000f contre 40 000f au mois de novembre et décembre. « Malheureusement nous ne disposons pas d’un magasin de stock » regrette la présidente. A cause de la cherté de sésame, le litre est vendu aujourd’hui à 2 500f.

Les recettes générées permettent aux membres de s’occuper de leurs familles et surtout à inscrire leurs enfants à l’école. C’est un avantage considérable pour les femmes des provinces qui font face aux problèmes d’autonomisation financière.

Ces ‘’mamans’’ dynamiques commencent à prendre de l’âge et cette méthode d’extraction devient de plus en plus épuisante pour elles. Il y a quelque année, elles ont engagé toutes les procédures pour régulariser le statut de la coopérative pour espérer un soutien de la part de l’Etat ou des ONG. Personne n’est venu à leur secours pourtant le nom même que porte la coopérative – ‘’Abzona’’ signifie ‘’Sauvez-nous’’ en français. « Ce travail est difficile et ça ne permet pas d’augmenter la production, on a besoin d’une machine moderne et un magasin de stock » appelle-t-elle à l’aide.