La fête du 1er janvier de 2023 a tout son lot de différence, quant à sa célébration dans les quatre coins de la capitale. Sur le site des sinistrés de Toukra, la joie n’est pas au rendez-vous.

Dans certains quartiers de la capitale, ce 1er jour de l’an 2023 est célébrée avec faste. L’on peut entendre notamment des vuvuzela retentir, les discothèques qui caressent les oreilles des sonneries festives et la présence d’une marée humaine dans la rue, drapée pour la plupart, des vêtements neufs.

Si certains quartiers vibrent aux pas de la fête, le camp des sinistrés de Toukra, quant à lui, sombre dans le silence et le désespoir. Rien ne fait croire que c’est une nouvelle année qui est synonyme de réjouissance. Les enfants habillés en guenilles, les parents mains sur les joues devant leurs tentes, pas de fumée, rien ne présage un début d’année radieuse pour les sinistrés.

Les enfants affamés et très mal habillés sont plus soucieux que les parents, témoigne Frédéric Camara, chef de secteur A. “Rien ne marche dans notre camp. Nous avons tout perdu dans l’inondation. Les enfants ont faim et ont besoin ne serait que des tourteaux pour se tenir debout. Regardez, ils rôdent autour des tentes voisines comme des chiens pour trouver de quoi à mettre sous la dent. C’est très difficile ce que nous traversons“. De quelle fête parlez-vous, rétorque Adidi. ” S’il y’ en a une, vous aurez constaté à travers les danses, le battement de tam-tam et des cris de joie. Mais ce n’est pas le cas. Nous sommes très malheureux“, reprend-t-il.

La misère et le désespoir dont vivent ces personnes en détresse poussent certains à émettre le désir de partir. Allaramadji Vincent, père de 6 enfants, espère un changement pour redonner le sourire à sa modeste famille. “L’année 2022 est la pire année de ma vie. J’ai perdu toutes mes cinq chambres, mes enfants et moi dormons dans le froid et pas moyens de leurs offrir ce qu’ils veulent en cette année. C’est très douloureux de les voir ainsi. Dieu ne fait rien au hasard. Je souhaite que le gouvernement nous aide à repartir construire chez nous”, prie-t-il. Dieu soit loué pour cette nouvelle année et pour la protection divine, nous lance Roland assis devant sa tente, tête baissée. “En temps normal, j’achetais les habits de fête pour ma femme et mes deux enfants et surtout, égorger un canard ou coq pour eux. Mais maintenant je suis incapable d’acheter un coro de haricot pour eux. Nous avons tout perdu. Comment voudrez-vous qu’on soit heureux dans ces conditions ? Les enfants jouent et courent ça et là parce qu’ils ne comprennent pas cette situation“, se plaint-il.

Arnaud estime que les aides viennent de partout et mais ne couvrent pas leurs besoins. Il justifie son affirmation par les irrégularités dans les partages des vivres et cette manière de faire constitue, selon lui, un problème de taille et pousse d’ailleurs un bon nombre de sinistrés a quitté le camp. “Depuis la fête de Noël tout comme bonne année nous n’avons rien eu, nous avons faim et nous crions au secours“.