Ce 26 août 2023 marque le triste anniversaire de l’assassinat d’Outel Bono, opposant tchadien qui fut tragiquement tué à Paris il y a exactement 50 ans. Malgré les révélations troublantes et les efforts des enquêteurs, cette affaire demeure entourée de mystère, avec de nombreuses zones d’ombre qui n’ont jamais été éclaircies.
Le 26 août 1973, un dimanche matin tranquille dans les rues de la capitale française, Outel Bono sortit d’un immeuble situé au 39 rue Sedaine. Alors qu’il s’apprêtait à partir dans sa voiture stationnée à proximité, un homme armé fit irruption et lui tira deux balles à bout portant. L’assassin s’échappa rapidement à bord d’une Citroën 2 CV, laissant derrière lui un opposant politique éminent et un pays en état de choc.
Outel Bono, né en 1934 à Fort-Archambault (aujourd’hui Sarh) dans le sud du Tchad, était un médecin devenu une voix politique de premier plan. Après avoir étudié en France et milité au sein de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF), il était devenu un fervent défenseur de l’indépendance de son pays et un opposant farouche au régime en place.
Ce meurtre politique, survenu à la veille de l’ouverture du congrès du nouveau parti unique souhaité par le président tchadien de l’époque, François Tombalbaye, a suscité de vives réactions et a été comparé à l’affaire Ben Barka, un autre assassinat politique qui avait secoué la France huit ans plus tôt.
Malgré les témoignages recueillis par la police et les révélations venues du Tchad, l’enquête sur l’assassinat d’Outel Bono a abouti à un non-lieu en avril 1982. Les raisons de cette décision restent floues et alimentent les spéculations quant à d’éventuelles pressions politiques ou à des dissimulations volontaires.
Cet assassinat a marqué un tournant dans l’histoire politique du Tchad, laissant un vide immense parmi les opposants au régime de Ngarta Tombalbaye. Outel Bono était perçu comme un homme courageux, prêt à défendre ses idéaux jusqu’au bout.
Alors que le temps passe, les proches d’Outel Bono et les militants des droits de l’homme espèrent toujours que la vérité éclatera un jour. Cinquante ans après sa disparition tragique, cette affaire reste une énigme non résolue, un rappel poignant de la quête inachevée de justice.
À l’occasion du 50e anniversaire de sa mort, RFI et France 24 ont mené une enquête approfondie sur cette affaire, se basant sur des archives parfois inédites, des témoignages et les travaux de chercheurs. A lire ici