Bangui, la capitale centrafricaine, accueille du 26 au 29 avril 2022 un forum régional de sensibilisation et de renforcement des capacités des acteurs des médias numériques sur la prévention des conflits liés aux discours de haine et la lutte contre ce phénomène en Afrique centrale. Un forum organisé par le Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (UNOCA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC).

Des journalistes des médias numériques et blogs de 10 des 11 pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) ainsi que des membres de différentes missions des Nations Unies (MINUSCA en RCA, MONUSCO en RDC, UNOCA en Afrique centrale, etc.) sont présents à ce forum de Bangui.

Pour les organisateurs, « toutes les questions essentielles » seront abordées avec pour objectif principal de poursuivre et d’approfondir la réflexion sur le développement d’une stratégie régionale de prévention et de lutte contre les discours de haine en Afrique centrale.

En effet, le forum de Bangui vient après celui de Douala organisé en octobre 2021 qui a regroupé les représentants des médias classiques (Presse écrite, radio, télévision). Un forum à l’issue duquel la « Plateforme des organisations des professionnels des médias pour la paix et le développement en Afrique centrale » (PROMEDAC) a été créée.

Selon les termes de référence, la rencontre de Bangui permettra de consolider l’engagement pris à Douala et de convenir des approches pour des synergies entre différents acteurs déterminés à faire face de manière concerté à ce « défi commun ».

Pour la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général de l’ONU en Centrafrique et cheffe adjointe de la MINUSCA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique), Mme Lizbeth Cullity, le discours de haine constitue un « ennemi de la population ». C’est pourquoi, elle assure que les Nations-Unies s’associent à toutes les initiatives visant à lutter contre ces discours. C’est dans ce sens, renchérit-elle, que depuis quelques années, les Nations-unies œuvrent en Centrafrique pour lutter contre les discours de haine et d’incitation à la violence. Mme Lizbeth Cullity a déclaré que cette rencontre de Bangui est un moment important d’échange pour alimenter les futures actions communes dans la lutte contre les discours de haine. Toutefois, prévient-telle, les mesures prises pour lutter contre les messages de haine ne doivent pas viser à restreindre les libertés d’opinion et d’expression.

Le ministre centrafricain de la Communication et des médias, porte-parole du gouvernement, Serge Ghislain Djori, a déclaré que la rencontre de Bangui se tient à quelques jours de la journée mondiale de la liberté de la presse, placée cette année sous le thème : « le journalisme sous l’emprise du numérique ». Pour lui, son pays a adopté en 2018 un plan national de lutte contre les discours de haine et en 2020 une nouvelle loi sur la communication. Mais, déplore-t-il, des médias continuent à répandre des messages de haine visant des personnalités, des communautés ou des corps constitués. Ce qui, souligne Serge Ghislain Djori, n’est pas spécifique à la RCA. D’où, cette rencontre régionale afin d’adopter des positions communes de lutte. Le ministre souhaite aussi qu’une rencontre soit organisée entre les ministères des communications de l’Afrique centrale afin de mettre en place un cadre juridique commun dans cette lutte.

A noter qu’après Douala et Bangui, N’Djamena accueillera dans les prochaines semaines une autre rencontre, cette fois-ci à l’intention des régulateurs des médias.