Le tissage artisanal est un très vieux métier dans le royaume moundang. Il fait partie de l’art et de la culture moundang mais il tend à disparaître. Rencontré au festival international des Moundang, Malay, la doyenne, nous raconte ses débuts dans le tissage.

Le tissage est considéré dans le passé comme un métier incontournable dans la communauté moundang. Grâce à leur savoir-faire, les tisserands habillaient les rois à l’occasion des fêtes.

Malay, cette femme de 90 ans, humble et courageuse, a consacré sa vie à la confection des plus beaux tissus d’habillement artisanal .

Assise sur un morceau de natte, un rouleau de fil de nylon entre les mains, Malay apporte une touche finale à la confection de ce tissage qui se veut original.

“Je finalise un tissage que j’ai commencé depuis 5 jours. La confection se fait à base de matière première qui est le coton. J’ai appris le métier de tissage auprès de ma mère quand j’avais l’âge de 5 ans. La confection d’un habit ou de couverture peut prendre une à deux semaines”, souligne-t-elle.

Sous les regards fascinants des visiteurs, avec ses mains de doyenne, elle façonne un habit appelé “bôro” en Moundang.

“J’ai beaucoup voyagé partout en Afrique à travers le métier de tissage. Là où je viens, on m’a toujours demandé d’apprendre le métier aux plus jeunes pour sa conservation. Mais beaucoup de jeunes trouvent ce métier difficile et n’y s’intéressent pas. Le métier est en voie de disparition, car dans le Mayo Kani ici, nous ne sommes que trois maintenant. Jadis, je vendais des habits à 15F ou 20F au roi et aux chasseurs. Avec le modernisme, présentement, nous  vendons à 10 000F, 20 000F”, explique Malay.

Pour elle, il faut sauvegarder nos cultures africaines en apprenant nos valeurs aux plus jeunes. Par ailleurs, elle exhorte les plus jeunes à apprendre le métier de tissage.

“Je suis disposé à apprendre ça aux plus jeunes, ma porte est grandement ouverte. Les gens lancent souvent la commande, mais je n’ai plus de force pour le faire en quantité”, laisse entendre Malay.

Pour le président de la coopérative des tisserands du Mayo Kani, Albert Zaki, l’objectif est de sauvegarder cet art.

“Les jeunes n’ont pas le courage et la patience dans l’apprentissage, ils aiment la facilité. Dans la coopérative, nous n’avions pas des jeunes. Et pourtant, le tissage est déjà en voie de disparition. D’ici à quelques années, s’il n’y a pas de relève, nous n’allons plus voir ces beaux habits fabriqués à la main”, souligne Albert Zaki.