De plus en plus de voix à Khartoum, notamment du camp du général Abdel Fattah al-Burhane, s’élèvent contre le Tchad, accusé d’ingérence dans la crise soudanaise et de servir d’arrière-garde pour les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohamed Hamdan Daglo. « À tort », répondent les autorités tchadiennes.

Plusieurs personnalités proches du camp Al-Burhane se sont exprimées ouvertement contre le Tchad dans la presse soudanaise ou sur les réseaux sociaux. On reproche au pouvoir de N’Djamena de soutenir Hemeti et de lui fournir une base arrière sur nos territoires.

Les autorités tchadiennes que nous avons contactées rejettent en bloc les accusations. Une de nos sources au sommet de l’appareil étatique estime que le Tchad n’a rien à gagner à ce que le Soudan soit déstabilisé. « Regardez déjà les conséquences avec l’afflux des réfugiés et toutes les incidences que cela entraîne. Le président de transition, le général Mahamat Idriss Déby, a été très clair : nous mettrons tout en œuvre pour que la paix revienne au Soudan. Nous ne sommes pour aucun camp, si ce n’est celui d’un Soudan pacifié et stable », a-t-il déclaré.

La guerre entre l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Daglo a fait plus de 9 000 morts, selon une estimation de l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), considérée comme très largement sous-estimée. Elle a également déplacé plus de 6 millions de personnes et détruit la plupart des infrastructures.

Incapables de prendre un avantage décisif depuis le début de la guerre, les deux camps piétinent, mais aucun n’entend faire de concessions à la table des négociations.