Le président de transition tchadien, Mahamat Idriss Deby Itno, a désigné Masra Succès comme nouveau Premier ministre du pays, selon une annonce faite par le Secrétaire Général de la présidence, Mahamat Ahmat Alhabo. Cette nomination survient dans le contexte d’une transition politique majeure, avec pour mission de mener la dernière phase de cette transition et de rétablir l’ordre constitutionnel.

Cette décision a retenu l’attention du pays tout entier, faisant suite à la démission de Saleh Kebzabo et de son gouvernement le 29 décembre, après la promulgation de la nouvelle Constitution. La nomination de Masra marque une étape significative dans la politique tchadienne, étant donné le contexte tendu et les divisions au sein de la classe politique.

Saleh Kebzabo avait annoncé sa démission sur Twitter, soulignant que cela faisait suite à la pratique républicaine après la promulgation de la nouvelle Constitution, semant le doute quant à une éventuelle reconduction à la tête de la Primature. La nouvelle Constitution, adoptée par référendum les 16 et 17 décembre, inaugure la Ve République au Tchad et constitue une étape cruciale dans la transition politique initiée après la mort tragique du Maréchal Idriss Déby en avril 2021.

La nomination de Succès Masra, opposant majeur au régime militaire revenu d’exil le 3 novembre dernier, ne fait cependant pas l’unanimité. Sa participation controversée aux événements du 20 octobre 2022 et les accords signés à Kinshasa le placent dans une position délicate, avec des opinions partagées au sein de la classe politique. Certains, comme l’ancien Premier ministre Saleh Kebzabo, auraient souhaité le voir répondre de ses actes devant la justice.

Masra, connu pour son opposition ferme au régime, a récemment adopté une nouvelle stratégie politique en soutenant le OUI au référendum pour la nouvelle Constitution. Cette démarche marque un changement radical pour celui qui était auparavant un farouche opposant au régime de Mahamat Idriss Déby Itno. Pour les fins analystes, ce virage était déjà un signe annonciateur de ce qui allait advenir. La rumeur de sa nomination comme PM circulait depuis l’accord de Kinshasa; pour plusieurs observateurs, le poste de PM était l’une des conditions majeures à son retour au pays. Cette condition, si elle était avérée, ferait partie des accords dits secrets et non consignés dans l’accord rendu public.

La situation au Tchad reste complexe avec la nomination de Masra Succès, qui doit désormais naviguer dans les eaux troubles de la politique tchadienne, tout en étant sous l’œil critique de l’opposition et des observateurs internationaux. Sa gestion de la dernière phase de transition et le retour à l’ordre constitutionnel seront déterminants pour l’avenir politique du pays.