YAOUNDE, 2 octobre (Xinhua) — L’élection présidentielle censée permettre un retour à l’ordre constitutionnel en République centrafricaine (RCA) après le coup de force de l’ex-alliance rebelle de la Séléka contre le régime de François Bozizé en mars 2013, et dont le premier tour couplé aux législatives était prévu le 18 octobre, pourrait plutôt avoir lieu en décembre, selon des sources officielles à Bangui.
Dans un premier temps depuis la présidentielle de janvier 2011, qui avait été remportée par le chef de l’Etat sortant et ex-putschiste lui-même François Bozizé, une victoire contestée par l’opposition, les
Centrafricains devaient se rendre aux urnes dimanche prochain pour se prononcer par référendum sur l’adoption d’une nouvelle Constitution, préalable à la tenue des futures consultations populaires.
Contre toute attente, le pays a été secoué le week-end écoulé jusqu’en début de cette semaine par une nouvelle vagues de violences meurtrières dans la capitale ayant causé plus d’une quarantaine de
morts et quelque 27.400 déplacés, selon les estimations des Nations Unies.
De l’avis des autorités de transition, ces incidents d’ailleurs décrits comme une tentative de coup d’Etat attribuée à la fois à des dignitaires du régime déchu de François Bozizé et des ex-rebelles de la Séléka, ont influé sur le déroulement du processus électoral
qu’elles déclaraient en bon état d’avancement, avec de bons résultats dans l’enregistrement des électeurs.
“Les derniers événements ont eu un grand impact sur la tenue des élections. Il est clair donc qu’une révision de calendrier est évidente. Nous nous sommes réunis à cet effet pour une réflexion sur de nouvelles dates” a déclaré le Premier ministre du gouvernement d’union nationale et de transition, Mahamat Kamoun, joint vendredi à Bangui par Xinhua.
“Sur les processus électoral, on est très avancé”, a cependant souligné pour sa part Anicet Guiyama-Massogo, ministre conseiller chargé du dialogue politique et social au sein du cabinet de la présidente de transition, Catherine Samba-Panza.
Sur une population estimée à environ 4,5 millions d’habitants sur la base du denier recensement organisé en 2008, quelque 1,6 million d’électeurs inscrits avaient été enregistrés lors de la présidentielle
et des législatives de 2011.
En marge des opérations de recensement électoral lancées cette année dans la perspective des futurs scrutins, ce chiffre a été franchi il y a une dizaine de jours et l’évolution des choses indique que l’objectif de 2 millions d’inscrits fixé à l’Agence nationale des
élections (ANE) sera dépassé, à en croire M. Guiyama-Massogo.
“On attend encore les résultats sur les sites des réfugiés [répertoriés au Cameroun, au Tchad, en République démocratique du Congo et au Congo-Brazzaville, pays voisins] et dans les ambassades”,
précise-t-il. Il révèle toutefois que l’option d’un “report technique des élections” était déjà à l’ordre du jour, bien avant même la récente flambée de violences à Bangui.
L’une des raisons invoquées pour justifier ce report réside dans la réception par le gouvernement le 18 septembre seulement du texte de Constitution prévu d’être soumis à référendum au peuple centrafricain,
après sa finalisation suivie de son adoption le 30 août par le Conseil national de transition (CNT, Parlement provisoire).
De fait, pour Anicet Guiyama-Massogo, les délais pour une bonne tenue du référendum constitutionnel à la date initiale du 4 octobre étaient devenus improbables. A présent, le report est envisagé pour le mois de novembre, mais aucune date n’est encore décidée.
Les autorités assurent toutefois que “toutes les dispositions sont prises pour que l’enregistrement des électeurs et l’établissement des listes électorales soient bouclées au plus tard à la mi-octobre”, afin de permettre l’organisation du premier tour de l’élection
présidentielle couplé aux législatives début décembre, suivi du second tour à la fin du même mois.
Ce sera après la visite annoncée du pape François à Bangui les 29 et 30 novembre, événement qui “a une certaine importance pour le pays”, selon le ministre conseiller.
Avec des appels à la démission exprimés lors d’une manifestation qui a tenté de prendre d’assaut le palais présidentiel de Bangui lundi, dans la foulée des heurts intercommunautaires déclenchés deux jours plus tôt, une partie de la population centrafricaine accuse Catherine
Samba-Panza et son gouvernement de refuser d’organiser les élections pour s’éterniser au pouvoir.
La présidente de transition et son équipe, elles, rejettent ces accusations. “Nous ne comprenons pas pourquoi ces nouvelles violences, alors que le processus électoral était bien avancé et que la transition tirait à sa fin”, a soutenu le Premier ministre mardi
matin à Xinhua.
La fin de la transition que ces autorités incarnent avait déjà été repoussée de février à août 2015. L’organisation un mois seulement avant la nouvelle date, c’est-à-dire en juillet à Bangui, après également plusieurs rendez-vous manqués depuis octobre 2014, d’un
forum national de réconciliation a encore rendu le respect de ce calendrier irréaliste.
Jeudi lors d’un sommet spécial sur la crise centrafricaine en marge des travaux de la 70e Assemblée générale des Nations Unies en cours à New York (Etats-Unis), les partenaires techniques et financiers de ce
pays pauvre et enclavé d’Afrique centrale ont insisté pour le respect des délais fixant la fin de la transition avant fin 2015, soit la tenue des élections avant cette date.
Après avoir quitté le siège de l’ONU dans la précipitation mardi en raison des violences à Bangui, la présidente de transition a participé à ce sommet par vidéoconférence.