BANGUI, 23 décembre (Xinhua) — Au lendemain d’une marche anti- française, un millier de personnes ont manifesté lundi devant l’ aéroport international Bangui M’Poko pour protester contre la présence des forces tchadiennes au sein de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), des forces accusées de complicité avec les ex-rebelles de la coalition Séléka (au pouvoir), composée aux deux tiers de mercenaires tchadiens et soudanais.

Parrain déclaré de l’ex-chef rebelle et président la transition centrafricain Michel Djotodia, le Tchad a déployé depuis le conflit et la chute du régime de François Bozizé en mars quelque 850 soldats en Centrafrique dans le cadre de la Force multinationale de l’Afrique centrale (FOMAC), qui a officiellement été remplacée le 19 décembre par la MISCA, une force panafricaine sous mandat de l’Union africaine (UA) et autorisée par les Nations Unies.

“Le Tchad est le malheur de la Centrafrique. Nous voulons le retrait pur et simple de ses soldats. Avec les ex-Séléka, ils massacrent la population”, a confié à Xinhua un manifestant.

Depuis leur prise du pouvoir le 24 mars à Bangui, les ex- rebelles de la Séléka, une organisation hétéroclite dirigée par des chefs de guerre principalement originaires de régions et ethnies marginalisées du Nord de la Centrafrique, se sont illustrés par des exactions (massacres, exécutions sommaires, enlèvements, viols) et des pillages contre la population.

Les mercenaires tchadiens sont particulièrement pointés dans ces violations des droits de l’homme.

“Ils devraient être tous rapatriés, car, ils sont à l’origine des désordres en Centrafrique”, s’est insurgé Gervais Lakosso, coordonateur du groupe de travail de la société civile centrafricaine.

Dans le cadre de la MISCA, les 850 soldats tchadiens seront aussi déployés dans les villes de province qu’à Bangui.

A l’annonce de l’arrivée de ces troupes à Kaga-Bandoro (Nord), une manifestation populaire a aussi été organisée pour réclamer leur départ du territoire centrafricain.

Les activités ont été bloquées dans cette ville qui a été ces derniers mois un des théâtres d’affrontement entre les ex-rebelles de la Séléka et les groupes d’autodéfense villageois anti-Balakas (anti-machettes) jugés proches de François Bozizé.

La plupart des commerces sont restés fermés, mis à part quelques boutiques de commerçants musulmans, à en croire le témoignage d’un habitant joint au téléphone depuis Bangui par Xinhua.