Au centre Al Mouna, à N’Djaména, la langue arabe est apprise à des personnes de différents profils. Les demandes d’apprentissage vont croissantes dans un pays bilingue où cette langue peine à se faire une place.

Le Tchad est bilingue. Depuis 1983, l’arabe est une langue officielle, à coté du français. Mais, dans la pratique, ces deux langues cohabitent difficilement.

Dans beaucoup de cas, l’arabe est tout simplement effacé. Il est aussi constaté que l’arabe dit tchadien est en vogue, au détriment de l’arabe littéraire.

Dans cette situation embarrassante, des fervents défenseurs de cette langue ont fait bouger des lignes. Depuis quelques années, les textes officiels sont systématiquement écrits dans les deux langues officielles.

Des Tchadiens de tout bord et obédiences religieuses ont décidé d’apprendre l’arabe, souvent rattachée à l’Islam. Au centre culturel Al Mouna, des cours y sont donnés depuis 1986. Une salle principale de six apprenants, maximum, dénommé « laboratoire de la langue arabe », est fréquemment ouverte.

Adam Issakha s’est inscrit dans ce centre depuis deux mois. Il donne deux raisons qui l’ont amené à apprendre cette langue : le bilinguisme et l’Islam. « Le pays est bilingue. En plus, je suis musulman. Il faut lire et écrire l’arabe pour comprendre le Coran », dit-il.

Arrivé au même moment qu’Adam, Moussa Allatchi, avance les mêmes raisons. « Dès le bas âge, j’ai appris le francais. Tout ce que nous faisons dans la vie se trouve dans le Coran. Il faut aussi parler l’arabe parce que le Tchad est un pays bilingue ».

Depuis 2011, Djidda Aboubakar Akaye enseigne l’arabe au centre Al Mouna. Il intervient aussi au niveau de l’Union européenne, la Banque mondiale, certains ministères pour le même service. Akaye rencontre tous les profils et statuts : francophones, arabophones, anglophones, Tchadiens et étrangers.

A Al Mouna, il y a quatre niveaux. Par niveau, l’apprenant bénéfice de 52 heures de cours. « Si tu comprends et écris ces choses, tu peux écrire et lire sans problème l’arabe : l’alphabet, les voyelles longues et courtes, les articles définis et indéfinis, le doublement de la consonne, les marques du féminin et du singulier, la syllabe, les lettres lunaires et solaires, la liaison, la prolongation », détaille Djidda Aboubakar Akaye.

Pour faciliter la compréhension des leçons, des techniques sont utilisées. « On a des vidéos qu’on projette. Je mets tous les niveaux ensemble pour leur permettre de dialoguer et de corriger les prononciations. Pour la maitrise de la grammaire et du vocabulaire, il faut de la volonté et du courage », appelle-t-il.

Avec de la volonté, l’enseignant assure que deux mois suffisent pour écrire et parler l’arabe littéraire.

Il donne l’exemple d’un francophone qui a obtenu son Brevet de l’enseignement fondamental (BEF) et un autre apprenant qui travaille au Secrétariat général du gouvernement. « Beaucoup de mes apprenants qui ne comprenaient rien de l’arabe, ont actuellement un bon niveau », affirme-t-il.