Des délégations composées des autorités administratives et traditionnelles du Tchad et du Cameroun ainsi que des humanitaires, se sont rendues ce jeudi 16 septembre 2021 à Oundouma, localité frontalière avec le Cameroun, située au bord du fleuve Logone, abritant des réfugiés camerounais qui ont fui le conflit intercommunautaire survenu à l’extrême Nord du Cameroun le mois dernier. Le retour volontaire des réfugiés dans leur pays était à l’ordre du jour.

Autorités administratives et humanitaires ont échangé à bâtons rompus avec la communauté des réfugiés camerounais estimée actuellement à plus de 8 000 (12 579 au départ) sur le rapatriement volontaire dont le processus est déjà engagé dès cette rencontre.

 

Le préfet du Logone et Chari, Ndongo Ndongo Lazare

Le chef de la délégation camerounaise, le préfet du Logone et Chari, Ndongo Ndongo Lazare a signifié à ses compatriotes ayant fui les hostilités des affrontements que le clame est revenu. « Nous sommes là pour vous rassurer qu’aujourd’hui, vous pouvez rentrer chez vous et vivre dans la sécurité et la tranquillité. Le Cameroun a pris des dispositions aussi bien au plan sanitaire qu’au plan alimentaire. Nos compatriotes peuvent en toute sérénité rejoindre leurs localités », rassure le préfet du Logone et Chari.

Le chef de canton de la communauté Madjako du Cameroun remercie les autorités tchadiennes pour l’accueil et rassure ses concitoyens qu’il n’y a plus de problèmes au Cameroun – « Retournons chez nous et recommençons sur de nouvelles bases », renchérit-t-il.

Chef de Canton Madjoko du Cameroun, Mahamat Limane Chérif

Du coté des humanitaires notamment le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) des deux pays, une équipe de part et d’autre est en train d’être mise sur place pour faciliter le retour de ces réfugiés.

Mais pour la représentante adjointe du HCR (Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés), Iris Blom, le retour de ces refugiés doit se faire de manière volontaire. « Chaque personne doit exprimer la volonté de renter et reprendre sa propre vie dans son pays d’origine, de son propre gré. Il s’agit d’un processus et demande un cadre légal. », explique la cheffe du HCR.

Iris Blom, représentante adjointe du HCR (Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés)

Le représentant des réfugiés, Atrounga Mathieu pose des conditions avant leur retour. « Nous travaillons en brousse et l’ennemi est armé et se cache dans les lieux touffus pour nous tuer. Il faut que l’Etat du Cameroun prenne les choses en main sinon un sentiment de peur de renter”

Le gouverneur de la province du Chari-Baguirmi, Gayang Souaré, chef de la délégation tchadienne trouve les doléances des réfugiés légitimes et leur a fait savoir que le calme est effectivement revenu là où il y a eu des affrontements. « Nous devons vous accompagner pour que vous repartez chez vous en vous donnant les vraies informations puisque je suis en contact régulier avec le gouverneur de l’Extrême Nord qui m’a rassuré des dispositions prises pour assurer la sécurité de ces concitoyens ».

Les échanges entre les différentes parties prenantes permettent de consolider les modalités de retour de ces réfugiés. « Le Tchad est un pays frère, personne ne vous chasse, vous pouvez rester autant que vous le voulez mais on est à l’aise que chez soi », conclut le préfet du Logone et Chari.

Au milieu, le gouverneur de la province du Chari-Baguirmi Gayang Souaré

Pour rappel, la localité de Oundouma, située à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Koundoul (15 km de N’Djamena) dans le département de Loug Chari, province du Chari Baguirmi accueille depuis le 11 aout 2021, 12 579 refugiés ayant fui des affrontements opposant deux communautés au Cameroun.