Fuyant les violences intercommunautaires dans leur pays, quelque 10 938 Camerounais, majoritairement des femmes, des enfants et des personnes âgées ont trouvé refuge au Tchad. Ces personnes sont accueillies à Oundouma, une localité située au bord du fleuve Logone, à un jet de pierre de la frontière camerounaise. Un dispositif sécuritaire est en place pour éviter une transposition du conflit sur le territoire du Tchad.

Des enfants pleurant de faim, des mères désespérées incapables de nourrir leurs progénitures, sans abris, ces personnes manquent presque de tout. L’école publique du village Oundouma peine à contenir ces réfugiés. Les tables-bancs sont transformés en couchage. Les feuilles de rôniers servent de nattes. La population, hôte, après trois jours d’accueil, épuisent son stock de période de soudure. « La situation est tout simplement critique », résume un membre d’une délégation humanitaire descendue sur le terrain pour faire une évaluation.

Moutchoubé Salomon, un membre du service d’accueil, explique l’origine de ce déplacement massif, par un conflit entre deux communautés au Cameroun qui a créé une panique générale dans toutes les localités environnantes. D’après lui, les populations continuent par affluer.

« Les réfugiés n’ont pas à manger, ni logement, ils manquent de tout. Ils sont au bord du fleuve où il y a assez de moustiques, ces personnes, n’ont pas des moustiquaires, sans couvertures, sans nattes. Les enfants sont affamés, certains sont même malades. Il y a une urgence humanitaire, et les partenaires doivent intervenir pour sauver des vies humaines », rapporte-t-il.

Dame Achta Mahamat, la soixantaine révolue, qui a fui son village confie qu’à la demande de leur chef, tout le monde a quitté sans réellement savoir ce qui se passe. « Cela fait presque quatre jours que nous sommes ici sans mettre quelque chose sous la dent. Les enfants pleurent sans cesse parce qu’ils ont faim. Comme vous voyez, nous sommes sans abris, sans couchages, rien, pratiquement rien. Nous demandons aux personnes de bonne volonté de nous secourir. Tout qu’on a c’est l’eau du fleuve à boire », appelle-t-elle à l’aide.

La représente adjoint du HCR (Haut commissariat des Nations unies pour les refugiés), Iris Blom, tout en exprimant ses gratitudes au gouvernement tchadien qui a pris toutes les dispositions pour assurer d’abord la sécurité de ces personnes assure que des dispositions seront prises pour apporter une assistance de premières urgences.

Le gouverneur de la province du Chari Baguirmi, Gayang Souaré, renseigne que ces personnes ont trouvé refuge au Tchad, suite à des violences au Cameroun. D’après lui, les autorités locales les ont accueillis, assurer leur sécurité et celle de la frontière pour éviter toute éventuelle transposition du conflit sur le territoire tchadien.

« Des dispositions sont en cours pour assurer le minimum vital à ces personnes. A cet effet, nous avons fait appel à nos partenaires humanitaires, qui sont actuellement sur le terrain. Nous sommes en train de faire un travail de recensement qui permettra d’évaluer les besoins. La prochaine étape c’est d’assurer à ces personnes, le minimum vital », assure le gouverneur Gayang Souaré.

A côté un travail de sensibilisation est en train d’être mené sur le terrain pour que le conflit au Cameroun ne se transpose pas au Tchad.

La localité de Oundouma, est située à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Koundoul dans le département de Loug Chari, province du Chari Baguirmi.