Le vent du changement souffle depuis le sud, dessinant les contours d’un nouvel ordre mondial. Les BRICS, bloc des puissances non occidentales, tiennent leur 15e sommet à Johannesburg dans un contexte mondial hautement volatile. Le thème de cette année est “les BRICS & l’Afrique”, cette édition pourrait marquer un tournant décisif dans la redéfinition de la géopolitique mondiale.

L’Afrique du Sud, membre des BRICS depuis 2011, souhaite assumer le rôle de passerelle entre ce bloc influent et le continent africain, riche de promesses. Porte-voix des aspirations africaines, elle s’impose comme le pilier de tout pays du continent désirant rejoindre cette coalition d’influence.

Quarante pays sont déjà sur liste d’attente, et parmi eux, des géants africains tels que le Nigeria, l’Algérie ou le Sénégal. Le Tchad, bien qu’invité par le président sud-africain, est représenté par un ministre en l’absence du président Mahamat Deby, bloqué sur le front nord proche de la frontière libyenne d’où il mène les opérations contre les groupes rebelles que sont le FACT et le CCSMR. La question se pose : le Tchad cherchera-t-il bientôt sa place parmi ces puissances montantes ? Rien n’est clair encore.

Ces aspirations grandissantes d’intégration des pays africains ont pour toile de fond un désir ardent de redéfinir l’ordre économique global. Les BRICS, forts de leurs 3 milliards d’habitants, soit 40% de la population mondiale, cherchent à mettre fin à l’hégémonie des institutions de Bretton Woods. Une nouvelle banque de développement initiée par le bloc vise à pallier le flux d’aide au développement en Afrique, qui diminue progressivement, entravant la croissance du continent.

Au-delà des enjeux économiques, ces puissances émergentes envisagent une vision du monde qui n’est pas uniquement basée sur l’ordre démocratique établi par l’Occident. Cette perspective est essentielle pour comprendre les dynamiques en jeu, particulièrement dans un monde où les relations internationales sont marquées par les tensions entre l’Est et l’Ouest.

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a clairement énoncé la position de son pays, et implicitement celle de nombreux pays africains, en réitérant sa politique de “non-alignement”. Ces propos ont été renforcés par le président chinois, Xi Jinping, qui appelle à une plus grande coopération des BRICS dans la gouvernance mondiale.

Le Tchad, à l’intersection du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne, a toujours été un observateur attentif de ces dynamiques. Alors que nous nous tournons vers une Afrique en quête de son propre destin, il est crucial de comprendre les nuances de ces puissances émergentes, car elles façonnent le monde de demain.

Dans ce monde en mutation, où l’Occident n’est plus le seul acteur dominant, le sommet des BRICS se présente comme une alternative au G7 ou au G8. Une chose est claire : l’Afrique, et avec elle le Tchad, ont une place primordiale dans cette nouvelle configuration mondiale. Reste à voir comment nous nous positionnerons dans cette danse des géants.