A l’occasion du lancement de dépistage gratuit des hépatites virales et du VIH/Sida ce 11 au 15 avril, Tchadinfos s’est entretenu avec le Pr Abderrazzack Adoum Fouda, Coordinateur du programme sectoriel de lutte contre le Sida, les hépatiques virales et les IST sur ledit programme.
Pouvez-vous nous expliquer les objectifs assignés à votre programme ?
Le programme sectoriel de lutte contre le Sida, les hépatites virales et les infections sexuellement transmissibles est un programme du ministère de la Santé publique et de la Prévention. Au sein du programme, il y a des projets. Il est créé en 2009. C’est un programme qui met en œuvre toutes les activités de lutte contre le VIH/Sida dans le secteur de santé notamment suivre des patients, sensibiliser la population à la prévention contre cette infection, disponibiliser les ARV, collecter et analyser les données statistiques et technologiques des activités des sites de prise en charge…
A l’heure actuelle, quelle est la tendance du VIH/Sida au Tchad, le taux de prévalence et le système de prise en charge?
Il faut rappeler que depuis 2007, il y a l’institution de la gratuité de soins pour les patients atteints du VIH/Sida. Dès lors la prévalence a chuté. Aussi, nous avons eu à remarquer un très grand nombre de personnes sous traitement des ARV. Parce que le traitement et le suivi sont gratuits. Durant la transition, nous avons constaté en 2021 que le nouvel spectrum donne une prévalence de 1.1% contre les 1,6% d’après les résultats de l’enquête LSD de 2014 -2015. Nous voyons une baisse de tendance. C’est grâce aux déterminations et orientations des plus hautes autorités. Nous constatons que la tendance évolutive est beaucoup plus observée chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans et chez les femmes.
Quelles sont les différents types des hépatites, les risques et le protocole de traitement ?
Nous avons principalement l’hépatite B et C qui circulent beaucoup. Et l’hépatite B, aujourd’hui constitue le problème de santé publique. D’après les enquêtes et les rapports que nous recevons, il y a ascendance des hépatites. Le Tchad à travers le ministère de la Santé publique et de la Prévention, appuyé par ses partenaires financiers et techniques a pu intégrer la lutte contre les hépatites dans le programme sectoriel de lutte contre le VIH. D’où le changement de dénomination VIH/Sida et hépatites.
L’hépatite B a le même mode de contamination que le VIH/Sida. C’est toujours une contamination verticale et horizontale. Verticale c’est-à-dire de la mère à l’enfant et horizontale c’est-à-dire que les risques de se contaminer avec des comportements à risque (principalement les multitudes de partenaires, des actes sexuels non protégés, pendant les transfusions sanguines, etc.). Donc c’est le contact sanguin qui fait que ces infections peuvent se propager.
Est-ce le Tchad dispose à nos jours de stock suffisant de médicament pour les prises en charge ?
Bien sûr, il y a une quantification faite pendant trois ans de la subvention où une partie qui est pris entièrement par les partenaires et une partie par l’Etat. Aucune rupture n’est constatée ces derniers temps. D’ailleurs nous en tant que professionnel, nous luttons énormément pour qu’il n’y ait pas de rupture. Parce que les ruptures peuvent entrainer plusieurs risques et de complications sévères aux patients sous traitement des antirétroviraux.
Quelles sont les découvertes en matière de lutte contre les IST en général ?
Vous saviez, en général, il y a beaucoup de pistes probantes pour la recherche. Mais, il y a des essais cliniques et médicamenteux. Aujourd’hui, grâce à l’avènement des antirétroviraux, le VIH a pu quand même être géré. La recherche a pu amener la disponibilité des ARV. C’est-à-dire nous arrivons à limiter la transmission du VIH de la mère à l’enfant. De nos jours, si une mère séropositive qui prend régulièrement son traitement, alors l’enfant a 99% de chance de ne pas contracter le virus. Grace à la recherche, il y a des gammes des antirétroviraux. Mais d’une manière scientifique, il n’y a pas encore des médicaments qui guérissent complétement le VIH. C’est des médicaments qui bloquent la réplication. Dans l’histoire, on sait qu’il y a deux malades qui sont guéris du Sida. L’un à Berlin et l’autre en Grand Bretagne, là ils ont connu une greffe de la moelle osseuse.
Il faut que la population soit consciente, surtout face aux charlatans, à certaines personnes de mauvaise foi qui disent qu’ils peuvent soigner le VIH, les hépatites à base des plantes et des décoctions. Aujourd’hui, la meilleure thérapie de lutte contre le VIH est de respecter les ARV en cas de séropositivité.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez pendant cette difficile période de transition ?
Les difficultés ne vont jamais en manquer. Pas seulement nous sommes en transition, même les pays stables ont des difficultés. Peut-être que les formes de difficultés sont différentes. Dans la phase de transition en matière de la gestion du VIH nous ne constatons pas assez de difficultés. Ce qui nous importe, nos stocks des médicaments sont là et disponibles, nous avons des appareils pour suivi biologique de nos malades…
Votre message envers la population
J’invite la population à venir massivement à la Maison nationale de la Femme, pour d’abord écouter les messages des professionnels en termes de sensibilisation. Le ministère de la Santé publique et de la Prévention à travers son programme sectoriel de lutte contre le Sida, les hépatiques virales et les infections sexuellement transmissibles offre le dépistage gratuit et volontaire. Et aussi une équipe de spécialistes est disponible et en cas de révélation de test positif, la prise en charge est automatique.