Au Tchad, la journée mondiale des enseignants se célèbre dans un contexte de crise entre le Syndicat des enseignants du Tchad (SET) et le gouvernement.

Le 2 octobre, jour de la rentrée des classes intermédiaires, le SET, section de N’Djamena, a déclenché une grève d’’’avertissement’’ de trois jours pour exiger du gouvernement la prise en compte de ses revendications.

Ce syndicat a, dès fin août, prévenu le gouvernement de Saleh Kebzabo qu’il entrerait en grève s’il ne respecte pas ses engagements pris de longue date.

Mais, cette mise en garde est restée sans suite. Ce qui a conduit plusieurs responsables syndicaux a dénoncé, quelques jours avant la rentrée scolaire, le « mutisme » du gouvernement de l’ancien chef de file de l’opposition. C’est peine perdue. Ce gouvernement est resté droit dans ses bottes. Jusqu’à ce jour.

Le dialogue semble gelé et les élèves, à peine repris les cours, sont obligés de ranger les cahiers. Le SET promet d’ailleurs des « actions de grandes envergures » si ce gouvernement ne bouge pas de sa zone de confort. Les jours à venir risquent d’être mouvementés.

Pourtant, les revendications des enseignants du public tirent en grande partie leurs sources des mesures draconiennes prises en 2016 par le gouvernement de Pahimi Padacké Albert pour tenter de redresser l’économie tchadienne, perfusée par le Fonds monétaire international (FMI). Les célèbres « 16 mesures » comprenaient notamment l’amputation de 50% des primes et indemnités des fonctionnaires.

Prévues pour 18 mois, ces mesures se sont même étendues au-delà du délai initial, plongeant des familles dans le dénuement. Avec la cherté de vie galopante, les enseignants tchadiens se meurent. Ils ont « tout donné », mais supportent ingratitude et mépris.

Si bonne foi il y a, ce gouvernement de transition devrait déja payer les arriérés de transport de 2016 à 2021 ; finaliser le processus de rétablissement des primes de craie et de documentation ; éviter les décisions prises de manière unilatérale. Ce sont là quelques points du pacte triennal signé en octobre 2021 entre le gouvernement et ses partenaires sociaux.

Avant ce pacte, un protocole d’accord avait été signé en janvier 2020, prévoyant le rétablissement progressif des avantages des enseignants amputés.

Actuellement, le président de transition est en tournée à l’intérieur du pays. Les énergies des ministres, conseillers, directeurs généraux, etc, sont donc mobilisées pour sa réussite.

Le Premier ministre, quant à lui, préfère recevoir en audience des chefs de groupes rebelles. Cela, quelques jours après la sortie médiatique tonitruante de Timan Erdimi, qui n’a pas hésité à dénoncer le non-respect des accords de Doha signé entre groupes rebelles et le gouvernement en 2022 pour permettre un dialogue inter-Tchadiens.