Dans son rapport d’évaluation de la pauvreté 2021, la Banque mondiale s’est interrogée sur la question comment comprendre la pauvreté au Tchad ? De cette interrogation, elle relève qu’environ 15% de Tchadiens sont incapables de satisfaire les besoins nutritionnels de base de 2 400 kilocalories par jour.

La pauvreté au pays de Toumaï est omniprésente et sévère, d’après la quatrième enquête sur les conditions de vie des ménages et la pauvreté au Tchad (ECOSIT 4), menée en 2018. Cette enquête a révélé que 3,4 millions de femmes et 3,1 millions d’hommes, soit environ 42% de la population tchadienne, vivent en dessous du seuil national de pauvreté de 242 094 francs CFA par an.

D’après la même enquête, environ 15% de la population, soit 2,4 millions de personnes, sont incapables de satisfaire les besoins nutritionnels de base de 2 400 kilocalories par jour. La population pauvre du Tchad est concentrée dans les zones rurales et les taux de pauvreté varient considérablement d’une région à l’autre. Près de 89% des ménages pauvres se trouvent dans les zones rurales, où l’agriculture à faible productivité et l’élevage sont les principaux moyens de subsistance, tandis que seulement 3% sont situés dans la capitale, N’Djamena. « Les taux de pauvreté sont les plus élevés dans les régions frontalières de la République centrafricaine, du Cameroun, du Soudan et du Nigéria. Ces zones sont touchées par les conflits et l’instabilité dans les pays voisins, et elles accueillent des milliers de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur du pays », relève le rapport.

Il faut noter par ailleurs que les régions du Mandoul et du Logone Oriental, frontalières de la République centrafricaine, abritent respectivement 8% et 9% de la population pauvre du Tchad, tandis que le Mayo-Kebbi Est et le Mayo-Kebbi Ouest, à la frontière avec le Cameroun, abritent un total de 17%. « En raison de la concentration de la pauvreté dans la zone rurale soudanienne, les politiques conçues pour renforcer les systèmes de protection sociale, autonomiser les femmes et les jeunes et encourager l’entrepreneuriat devraient cibler les régions du sud du pays et refléter les besoins uniques des ménages agricoles », note le rapport de la Banque mondiale.

Il faut relever que ces dernières années, de multiples chocs ont exacerbé la pauvreté au niveau régional. La chute des prix internationaux du coton a gravement affecté les revenus des ménages dans les zones cotonnières telles que la Tandjilé, le Logone et le Sila, entraînant une augmentation des taux de pauvreté pouvant atteindre 60% dans la Tandjilé.

Pour faire face à la pauvreté, les experts de la Banque mondiale suggèrent l’amélioration de l’accès à l’emploi pour rehausser le niveau de vie des ménages tchadiens. « L’amélioration de l’accès à l’électricité et à l’eau potable contribuent à la réduction de la pauvreté, quoique dans une moindre mesure. C’est pourquoi le gouvernement doit plus s’investir dans cela », indiquent-ils. Cependant, le rapport note qu’au Tchad, les ménages pauvres ont tendance à avoir beaucoup d’enfants, et les chefs de ménages pauvres sont susceptibles d’être des travailleurs indépendants et moins instruits que la moyenne.