REVUE DE PRESSE – Les journaux tchadiens consacrent l’essentiel de leurs colonnes pour la semaine du 2 au 8 août 2021 aux 100 jours du CMT célébrés alors que la protestation menée par le mouvement Wakit Tamma ne faiblit pas ou encore au départ du professeur Avocksouma Djona de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) de Saleh Kebzabo.


100 jours au pouvoir du CMT diversement appréciés

Le 20 avril dernier, le Conseil militaire de transition (CMT) annonçait la mort au combat du président Idriss Déby Itno et prenait le pouvoir dans la foulée. Le 28 juillet, les militaires ont donc fait exactement 100 jours à la tête du pays. A en croire les journaux, le bilan est mitigé.
Ainsi, Abba Garde, dans sa rubrique « Débat de la semaine » a donné la parole à six citoyens qui, globalement pensent qu’il est un peu hâtif de faire le bilan mais estiment tout de même qu’il y a aussi bien des aspects positifs que négatifs. Ils distribuent des points au CMT en ce qui concerne le maintien de la stabilité, le paiement régulier des salaires, l’autorisation des marches pacifiques ou encore les consultations en vue pour la formation du Conseil national de transition et l’organisation du dialogue national inclusif. Ils reprochent par contre les nominations jugées claniques, la répression des manifestations d’avril et de mai. Ils exhortent en fin le CMT à organiser un dialogue véritablement inclusif et à se retirer au bout des 18 mois de transition.

Le Visionnaire qui titre sobrement « 100 jours déjà au pouvoir » relève aussi des avancées et des reculs. Il conclut toutefois qu’après 100 jours au pouvoir, « la transition peine à prendre forme ».
Pire, pour l’éditorialiste de N’Djamena Hebdo, ce n’est aucunement une transition qui est en cours. « Vous avez dit “transition” ? Non ! Ce que vivent les Tchadiens depuis la mort du président-fondateur du Mouvement patriotique du salut (MPS), ressemble moins à une transition, mais plus à une continuité ». Il justifie cela par le fait que la charte concentre entre les mains de Mahamat Idriss Déby, fils du président défunt, « tous les pouvoirs ». D’où le titre de l’édito : « Dans la continuité du père ».
Le quotidien Le Sahel, qui a fait un numéro spécial, prend le contrepied de ses deux précédents confrères. « Ces cents jours du CMT montrent clairement que la transition tchadienne suit son bonhomme de chemin avec toutes les garanties énumérées et d’autres encore pour doter le Tchad des institutions véritablement démocratiques à l’issue des 18 mois », écrit-il.

Wakit Tamma continue à râler

Pendant que le CMT dirigé par le fils d’Idriss Déby Itno a franchi le cap des 100 jours à la tête du pays, Wakit Tamma, la coalition qui s’était déjà opposée au sixième mandat de son père, continue à battre le pavé pour dire également non au pouvoir en place. Après trois manifestations violemment réprimées, le mouvement a marché les deux dernières fois, le 29 juillet et le 7 août avec l’accord du pouvoir et en suivant l’itinéraire qu’il lui a imposé.
Cela, N’Djamena Hebdo qui titre à sa Une « Aux ordres du Conseil militaire de la transition » l’a relevé. En effet, pour ce journal, « Considérée comme la plus radicale des plateformes par les tenants du pouvoir, Wakhit Tamma s’est finalement inclinée face à l’itinéraire proposé par le ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration ». Ce qui l’amène à en déduire que si la matinée du jeudi 29 juillet 2021 a été « un grand jour » pour Wakhit Tamma, c’est le Conseil militaire de transition (CMT) « qui a marqué plus de point ».
Le Visionnaire quant à lui préfère ne retenir que la « 1ère marche pacifique autorisée » de Wakit Tamma. L’Observateur abonde dans le même sens en qualifiant cette autorisation d’ « Un pas de franchi ». Contrairement à N’Djamena Hebdo, L’Obs estime que c’est plutôt Wakit Tamma qui a gagné. « La résistance des forces vives de la nation fait plier le CMT », jubile-t-il.

C’est fini entre Avocksouma Djona et l’UNDR de Saleh Kebzabo

Finissons cette revue de presse par la rupture entre l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) et Avocksouma Djona qui a été Secrétaire national administratif adjoint du parti.
« Je prends acte de mon exclusion du bureau exécutif de l’UNDR. Je démissionne en tant que militant pour ne pas être comptable des actions politiques qui vont engager d’autres militants », a-t-il déclaré lors d’un point de presse, repris par l’hebdomadaire Le Citoyen. Le journal de souligner que Professeur Avock, comme on l’appelle, est resté mieux sur son avenir politique, mais certains observateurs le voient déjà prendre la tête de l’Union nationale pour la démocratie (UND) d’un autre Professeur, Facho Balaam qui vit en exil en France.
L’Observateur revient aussi sur la fin de l’histoire entre l’UNDR et Avocksouma en indiquant que « Le divorce est acté ». L’Obs rappelle que c’est la décision de l’UNDR de faire partie de la transition en travaillant avec le Conseil militaire de transition qui a poussé son ex-Secrétaire national administratif adjoint (exclu du bureau pour avoir fait une sortie médiatique dénonçant la participation du parti au gouvernement) à quitter la barque.