YAOUNDE, 28 avril (Xinhua) — Sévèrement touchée par les effets de la chute des cours du pétrole et d’autres matières premières, la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale)pourrait enregistrer un déficit de plus de 925 milliards de francs CFA(1,8 milliard de dollars), annonce la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC).

A l’exception de la République centrafricaine (RCA), les économies de la CEMAC, composée en outre du Cameroun, du Congo, du Gabon, de la Guinée équatoriale et du Tchad, sont principalement dominée par l’exploitation pétrolière. Premier produit d’ exportation, l’or noir représente en effet 35,6% du PIB sous- régional, 56,1% des recettes budgétaires et 69,1% des recettes d’ exportation, d’après les estimations.

Selon la BEAC, la chute des cours du pétrole fait peser sur ces économies le risque d’une dégradation tant du compte courant que des comptes publics, y compris d’un recul sensible des réserves de change,une perspective qui “se traduirait par un recours accru des Etats aux avances statutaires de la Banque centrale dans la quasi- totalité des pays”, à en croire l’économiste Bertrand Besse Ngniah, en service dans cette institution.

“En définitive, la gestion des finances publiques des pays de la CEMAC laisserait apparaître des besoins de financements importants,qui atteindraient 925,7 milliards en 2015. Le bouclage de ces gaps de financements demeure un sujet de préoccupation majeure dans la CEMAC”, a-t-il indiqué mardi à Yaoundé. La couverture de ces besoins de financement des finances publiques, a-t-il ajouté, devrait se traduire par une accélération de l’endettement public en général, et de l’endettement public intérieur en particulier, compte tenu de l’engouement que connaissent actuellement les émissions obligataires.

“Le taux d’ endettement public extérieur passerait ainsi de 17 % du PIB en 2014 à 23 % du PIB en 2015”, a-t-il dit.

La BEAC prévoit aussi une baisse des réserves de change de l’ ordre de 7 872,7 milliards en 2014, à 6 006,1 milliards en 2015, soit un recul de près de 24 %, et un taux de couverture extérieure de 79,2 %en 2015, contre 89,8 % en 2014.

De l’avis de M. Besse Ngniah, les avoirs extérieurs bruts de cette banque centrale ne représenteraient plus que 3,8 mois d’ importations des biens et services, contre 4,7 mois à fin 2014.

Compte tenu de ce contexte économique difficile couplé à des tensions sécuritaires dues à la crise en RCA puis la menace Boko Haram au Cameroun et au Tchad, la BEAC a dû abaisser à 4,2% ses prévisions de croissance de 2015, initialement portées à 5%, après les estimations de 4,4% en 2014.