De nombreuses écoles au Zimbabwe étaient à l’arrêt lundi après la suspension par le gouvernement de 135.000 enseignants qui ne se sont pas présentés à la rentrée des classes la semaine dernière, en protestation contre des salaires trop bas, selon l’AFP.

Les profs gagnent quelque 90 euros par mois, même pas de quoi payer les trajets entre leur domicile et les salles de classe, selon certains d’entre eux. Le ministère de l’Education a suspendu jeudi 135.000 enseignants absents le jour de la rentrée. Quelque 150.000 personnes travaillent dans les écoles publiques, selon les syndicats. “Le gouvernement a fermé les écoles en suspendant plus de 90% des professeurs”, souligne auprès de l’AFP Takavafira Zhou, président du syndicat progressiste des enseignants.

Dans la capitale Harare, plusieurs écoles sont restées vides, sans élève ni enseignant, tandis que dans d’autres, des élèves restaient désoeuvrés ou jouaient dans la cour de récréation. Le conflit salarial entre enseignants et gouvernement dure depuis que l’Etat a décidé il y a trois ans de verser les salaires non plus en dollars américains mais dans la monnaie locale fortement dévaluée par une inflation galopante. “L’enseignant le moins bien payé gagne environ 80 dollars américains. Nous voulons des salaires équivalents à ceux du temps de Mugabe, soit 540 dollars”, a réclamé M. Zhou.

L’ancien président zimbabwéen Robert Mugabe a régné d’une main de fer pendant des décennies, soignant particulièrement le secteur de l’éducation pour lequel il avait de fortes ambitions. “Les enseignants ne font pas pousser l’argent sur les arbres, l’argent ne leur tombe pas du ciel”, a poursuivi le syndicaliste, accusant le gouvernement d’utiliser des “méthodes de voyous” pour les obliger à reprendre le travail.

En septembre 2020, les enseignants avaient déjà lancé un mouvement similaire. Les grèves d’enseignants, d’infirmières et de médecins pour réclamer de meilleurs salaires sont fréquentes dans le pays d’Afrique australe en crise. L’économie du Zimbabwe est en récession depuis plus de dix ans. Le président Emmerson Mnangangwa, qui a succédé à M. Mugabe à la suite d’un coup d’État en 2017, a jusqu’ici failli à sa promesse de relancer l’économie, conclut l’AFP.