Le gouvernement a mis en place la loi 032 limitant le nombre de journée de grève payés à trois jours par mois. Les fonctionnaires vont-ils poursuivre leur mouvement de grogne ? Rencontre avec quelques grévistes.

Jour de grève, jour payé ? Le 04 juillet dernier, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Ndolenodji Alixe Naimbaye a déclaré à travers un point de presse que le gouvernement de la 4ème appliquera les dispositions législatives, conventionnelles et règlementaires à l’égard de l’exercice de grèves au Tchad. « Aussi dès le mercredi, 03 juillet, la loi 032/PR/2016 du 30 décembre 2016 s’appliquera dans toutes ses dispositions », précise-t-elle. Face à cette déclaration de la porte-parole du gouvernement, quelques fonctionnaires rencontrés à N’Djaména réagissent.

A savoir, cette loi vise à sanctionner les fonctionnaires qui observent des longues grèves, c’est-à-dire celles  qui durent plus de trois (3) jours. Avec l’application de cette loi 032, seuls trois (3) jours de grève seront payés aux salariés, au-delà, ils devront s’abstenir de salaire. De l’avis des fonctionnaires, cette loi est « déraisonnable, irresponsable et liberticide ». Dans les rues de la capitale tchadienne, certains assurent vouloir poursuivre le mouvement de contestation. Quitte à voir une partie de leur salaire amputée.

« Intimidations »

C’est le cas d’Allaissem André, quadragénaire. L’enseignant est plus que déterminé : « Le gouvernement est dos au mur. Il cherche des moyens pour sortir de la grève, mais les intimidations ne vont jamais marcher. Nous sommes déjà vaccinés contre ça. »

Même constat pour Labassou Jules. Assis devant une école de santé de la place où il enseigne, le médecin trouve qu’en mettant en application cette loi, le gouvernement joue inconsciemment à un jeu très dangereux. « On n’a pas peur des intimidations. Si le gouvernement veut résoudre le problème de grève, il n’a qu’à respecter ses engagements. Ce n’est pas en instaurant une liste de présence qu’on va régler la situation. Au contraire cela va contribuer à mettre en péril la paix sociale », affirme-t-il.

Brahim Oumar est enseignant d’arabe dans un lycée du 7e arrondissement de la commune de N’Djamena. Depuis que la grève a été lancée, il ne soucie guère, car il a d’autres activités libérales qui lui permettent de « joindre les deux bouts ». Mais cela ne le lui empêche pas d’exprimer son mécontentement sur cette mesure « anti-grève ». « C’est une distraction qui ne va rien produire. En faisant cette déclaration, le gouvernement pense perturber la grève mais ils finiront par céder. Tout ce que le fonctionnaire tchadien veut, c’est la reconnaissance et le payement de ces droits », s’offusque-t-il devant sa concession. Reste à savoir jusque quand vont-ils tenir ?