Après la visite du président de transition, Mahamat Idriss Deby Itno, à Moscou, l’ancien ministre et ancien président de la LTDH (Ligue tchadienne des droits de l’homme), Enoch Djondang, estime que la France est en perte d’influence partout en Afrique.
Selon l’analyse de Djondang Enoch,la visite du président de transition Mahamat Idriss Deby Itno entre dans deux contextes, à savoir les crises sécuritaires dans le Sahel et la lutte pour la conservation du pouvoir.
Pour lui, l’année 2024 pourrait être dangereuse pour le Tchad.
Premièrement, les forces françaises qui ont été chassées dans les pays ouest africains se sont toutes repliées au Tchad. Deuxièmement, le déploiement d’un contingent de 400 militaires hongrois, officiellement pour lutter contre le terrorisme. “Et les milliers de soldats français ici, c’est pour faire quoi? En plus de cela, nous allons vers les Russes tout en sachant que l’offre de la Russie est purement sécuritaire et la Russie étant en guerre ouverte avec la France. Est-ce que le pouvoir en place est suffisamment fort pour pouvoir jouer entre ses puissances ? ” Se demande Enoch Djondang.
À la question de savoir si la France serait en perte d’influence au Tchad, Enoch Djondang répond que la France est en perte d’influence partout en Afrique.
“Quand nous sommes devenus indépendants théoriquement en 1960, la France ne nous a pas laissé 10Km de route bitumée. Aucune des grandes infrastructures au Tchad, aujourd’hui, n’est l’œuvre des Français, ils n’ont rien laissé dans ce pays. Tout a été fait par les Tchadiens et avec d’autres coopérations. La France, en dehors de la machine militaire, était déjà en perte d’influence“, souligne-t-il.
Pour l’analyste, la visite du président de transition en Russie ne peut pas être source de tension. Cependant, il s’inquiète de la fragilité du pouvoir actuel en place à N’Djamena. “Il est difficile de faire valoir les compétences française, israélienne, américaine, et russe en même temps dans le domaine sécuritaire. Ce que nous craignons, c’est la fragilité du pouvoir, bien qu’on voie beaucoup d’armes, cela ne voudrait rien dire. On ne peut pas avoir tant de partenaires pour les uns qui sont les ennemis des autres, car cela n’est pas prudent“, pense-t-il.
Pour finir, Enoch Djondang s’inquiète également de l’état de dépendance dans lequel le Tchad continuerait d’être plongé en se rapprochant d’autres puissances. “La Russie est une grande puissance par rapport à la France. La Russie peut apporter de l’aide humanitaire, mais dans tout ceci, nous Tchadiens n’allons pas rester à être des éternels assistés, ce n’est pas possible”, s’enflammet-il. Il propose que le peuple tchadien s’unisse pour bâtir leur nation, et affirmer leur souveraineté.