Un tour dans certains quartiers de N’Djaména, la nuit, met en exergue un phénomène nouveau : le vagabondage sexuel qui attire les mineures.

Le samedi 9 avril, il est 19 heures passées sous un ciel éclairé par la lune mais la chaleur de la journée se fait ressentir encore. Du rond-point du pont de l’unité appelé communément rond-point double voies, en passant par le quartier Abena, au rond-point Gazelle, jusqu’aux quartiers Kamnda et Amtoukoui, dans le 7ème arrondissement, des jeunes filles de joie de moins de 16 ans font la navette. Certaines dans les habits sexy, mini robes, guettent leurs potentiels clients car leur présence facilement remarquable avec leur façon de faire. La plupart d’entre elles, prennent la direction de leur QG (quartier général), qui sont les bars, les auberges aux alentours ou aux abords de l’avenue Taïwan. D’autres approchent les motocyclettes ou des hommes en voiture, les plus souvent, qui ont le double de l’âge de leur père.

Ces jeunes filles dont l’âge varie entre 12 et 17 ans, deviennent agressives et arrogantes contre les regards indiscrets. A moins coup d’œil, se sentant gênées réagissent de vive-voix : « chacun est responsable de sa vie. Il y a quoi à regarder les autres, occupez-vous de vos affaires sinon de la vie de vos sœurs et arrêtez de nous critiquer ».

Les bars VIP, Tour de Contrôle sont leurs lieux préférés de chasse. Ici, au bar Tour de Contrôle, nous remarquons quelques-unes habillées de manière attirante et de façon extravagante faire leur entrée et prendre place. En face d’elles, un groupe de jeunes garçons qui semblent s’intéresser à elles. Ainsi, commencent alors les manigances avec des clins d’œil au rythme des selfies d’appareils téléphones de marque. Non loin de ces filles, deux hommes assis, adressent aux jeunes filles une invitation à l’effet de partager la même table. Les jeunes filles acceptent volontiers l’invitation des deux hommes âgés sans se poser des questions. Au bout de quelques minutes, ils sortent en couple et louent les services de mototaxis et disparaissent dans la nature.

Ce qui saute à l’œil nu, ces mineures sont entrées dans la danse du vagabondage sexuel à travers différentes causes. Visiblement, elles ne cherchent pas à gagner de l’argent mais plutôt à satisfaire leur plaisir libidinal. Pour exemple, parmi ces mineures, celles issues des familles aisées. Tout de même, il y en a qui se lancent dans le vagabondage sexuel pour se prendre en charge mais également celles qui le font par mimétisme ou par naïveté.

Jadis, une fille qui tient à son honneur est celle qui garde sa virginité jusqu’au mariage. Mais de nos jours, ce n’est plus le cas car le vagabondage, surtout juvénile prend de l’ampleur à N’Djaména. Cette dépravation de mœurs est due à la pauvreté, mais aussi au manque de suivi de parents. Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation sur les maladies sexuellement transmissibles, certaines filles s’obstinent à pratiquer le vagabondage sexuel. « Ce sont les difficultés de la vie qui m’ont poussé à me prostituer car je vis chez un oncle dont sa femme me maltraite et me demande de me débrouiller pour mes crèmes », confie une fille âgée d’environ 16 ans. D’autres, c’est par effet de mimétisme voulant s’acheter aussi vite des motos dames comme les autres. D’autres encore qui se sont lancées dans la prostitution ont subi l’influence des films pornographiques du fait que les téléphones androïd et l’Internet ont facilité l’accès à ces films.

Depuis ces derniers temps, il faut noter que certains hommes âgés, eux aussi, aiment sortir avec des mineures bien qu’ils savent c’est interdit par la loi. A cette allure, le vagabondage sexuel a de beaux jours devant lui. Parents, autorités et associations de la société civile doivent multiplier des séances de sensibilisation et renforcer les textes répressifs pour dissuader d’éventuels adeptes.