REVUE DE PRESSE – L’élection présidentielle qui a eu lieu ce 11 avril et l’accusation de viol des femmes au Niger par les éléments de l’armée tchadienne figurent en bonne place dans les journaux parus dans la semaine du 5 au 11 avril 2021.

« Ali Haggar appelle Déby à quitter le pouvoir »

Elle était redoutée, mais tout s’est déroulé plutôt globalement dans le calme. Même si elle n’a pas drainé les foules, l’élection présidentielle a effectivement eu lieu hier, dimanche 11 avril 2021, sans incident majeur en dépit des appels au boycott actif qui faisaient craindre le pire. N’Djamena Hebdo s’interrogeait justement à sa Une s’il fallait « Boycotter ou voter le 11 avril 2021 ? ». NDJH qui évoque aussi « Les limites des marches pacifiques », rappelle que depuis quelques semaines, les leaders des associations de la société civile, artistes et hommes politiques sont mobilisés contre le 6ème mandat du président Idriss Déby Itno. Mais, constate ce journal, « les effets de cette marche sont loin d’atteindre l’objectif à court terme, qui est de rendre impossible l’élection présidentielle du 11 avril ».

Abba Garde quant à lui, avait titré à sa une : « 6ème mandat à parier ». Cet hebdomadaire annonce en effet que dans l’extrême-Nord du pays, des mouvements rebelles hostiles au président Idriss Déby viennent de conclure une nouvelle alliance en vue d’unifier leurs forces. « Objectif, empêcher le 6ème mandat à Idriss Déby », renchérit cet hebdomadaire qui indique apprendre que dans son palais, le président « passerait des nuits blanches ».

Toutefois, selon Le Pays, ce n’est pas des rebelles mais un ancien collaborateur d’Idriss Déby qui l’appelle à privilégier l’alternance. « Ali Haggar appelle Déby à quitter le pouvoir », ose le journal de Madjiasra Nako. En effet, il a publié les bonnes feuilles du nouveau livre de Dr Ali Abder-rhamane Haggar intitulé : « Tchad : du pouvoir intégral à l’alternance pacifique ou au déluge… !? ». En reconnaissant que l’actuel chef de l’Etat a des réalisations irréfutables et qu’il a eu à passer brillamment plusieurs épreuves, l’auteur estime qu’il lui reste l’ultime épreuve : « Préparer et réussir une alternance civilisée et apaisée afin qu’après lui ce ne soit pas le déluge, le chaos…Il doit parvenir à sortir vivant sous les “Vivats du peuple” par la grande porte de l’histoire. Et mériter une fois pour toute le titre d’homme d’état ».   

« Ils exportent le viol »

Evoquons maintenant cette accusation de viol qui pèse sur des soldats du 8ème bataillon du contingent tchadien du G5 Sahel déployés au Niger. Selon l’éditorialiste de N’Djamena Hebdo qui cite un rapport de la Commission nationale des droits humains du Niger, « une fillette de 11 ans et deux jeunes femmes (dont une mariée) âgées de 23 et 32 ans avaient été violées par des éléments tchadiens du G5 Sahel au cours du mois de mars dans la région de Tillabéri ». D’où le titre de l’édito : « Ils exportent le viol ». En effet, d’après NDJH, « chaque jour, des jeunes filles et femmes sont violées partout dans le pays ». Il poursuit que dans certaines contrées, « le viol est banalisé », « il y est même érigé en “culture” ». Pour ce journal, il est donc temps de « déclarer une guerre, totale et sans merci, contre le viol ».

Le Progrès du mardi 6 avril 2021 informe que l’Etat-major général de l’Armée nationale tchadienne (ANT) a retiré ces soldats de son contingent, les a suspendus et engager une poursuite judiciaire contre eux. « Des sanctions énergiques seront prises lorsque la culpabilité de présumés coupables aura été établie à l’issue de l’enquête », assure le porte-parole de l’ANT, le général Azem Bermandoa, relayé par Le Progrès.

Toujours au sujet de cette affaire, Abba Garde estime pour sa part que le gouvernement tchadien est « Rattrapé par les vérités d’International Crisis Group ». En évoquant ces accusations de viol, ce titre estime que « Ces actes ignobles lèvent un pan de voile sur les dérives qui caractérisent le fonctionnement de l’armée tchadienne décrié, il y a peu, par l’ONG International Crisis Group ». En rappel, en janvier dernier, cette ONG avait publié un rapport dans lequel elle a relevé plusieurs choses qui selon elle, étaient les tares de l’armée tchadienne. Un rapport que les autorités avaient rejeté en bloc.