Dimanche, ils étaient au bord de la démission. Lundi, ils maintiennent leur présence au gouvernement. La grave crise politique que connaît la Tunisie depuis l’assassinat mercredi 6 février de l’opposant Chokri Belaïd connaît un nouveau rebondissement.
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Le Congrès pour la République (CPR), le parti laïc du président Moncef Marzouki, souffle le chaud et le froid depuis quelques jours. Dans l’immédiat, il a décidé de maintenir son alliance avec les islamistes d’Ennahda et a rejeté la proposition du Premier ministre Hamad Jebali de former un gouvernement apolitique de technocrates.

«Nous avons décidé de geler notre décision de retirer nos ministres du gouvernement. Mais si dans une semaine nous ne voyons aucun changement nous quitterons le gouvernement définitivement, a déclaré le chef du Congrès pour la République (CPR), Mohamed Abbou. Nous avions présenté il y a deux jours la démission de nos ministres mais nous avions été contactés hier soir par les dirigeants d’Ennahda qui ont répondu favorablement à toutes nos demandes.»

Eviter le retour «des figures de l’ancien régime» de Ben Ali

Le CPR demande depuis longtemps le départ de deux ministres de premier plan d’Ennahda, ceux des Affaires étrangères et de la Justice. Le parti islamiste n’a pas confirmé pour le moment leur limogeage. Mohamed Abbou s’est aussi prononcé contre l’initiative du Premier ministre Hamadi Jebali, de former un gouvernement de technocrates, rejoignant la ligne du parti islamiste qui s’oppose aussi à son numéro deux. Selon lui, la constitution d’une telle équipe «permettrait le retour des figures de l’ancien régime» de Zine El Abidine Ben Ali renversé par la révolution de 2011.

En revanche, le troisième parti de la coalition au pouvoir, Ettakatol (centre-gauche), a apporté son soutien à Hamadi Jebali. L’une de ses figures, le ministre des Finances Elyes Fakhfakh, a jugé qu’il fallait «assurer les meilleurs succès à cette initiative».

Le Premier ministre, soutenu par l’opposition laïque et en conflit avec son propre parti, a réitéré, dans un entretien au «Monde», qu’il n’avait «pas d’autre choix que de former un gouvernement transitoire, indépendant des partis», arguant de «l’urgence» de la situation et du «danger de violence» en Tunisie.

La veuve de Chokri Belaïd entendue par les enquêteurs
Basma Belaïd a été entendue en tant que témoin par le juge d’instruction chargé de l’enquête sur l’assassinat de son mari. «Plusieurs équipes travaillent pour élucider ce crime abominable», a assuré le porte-parole du ministère de l’Intérieur Khaled Tarrouche. De son côté, Hamad Jebali, le Premier ministre, a souligné que les meurtriers n’étaient «pas des amateurs», que «tout un appareil était derrière» et qu’il fallait s’attendre «à des résultats très graves».

Basma Belaïd a par ailleurs participé lundi à une manifestation devant le siège de l’Assemblée nationale constituante. Quelques centaines de personnes ont appelé à la démission immédiate du gouvernement. «Ce gouvernement doit démissionner aujourd’hui, pas demain ou après-demain, a expliqué Basma Belaïd. Quand un gouvernement échoue, il doit prendre ses responsabilités.»

Source : Le parisien