Un mémorandum adressé par la Conférence épiscopale du Tchad (CET) au président de transition l’interpelle sur l’insécurité qui se généralise, la pénurie des denrées et la composition de la Commission nationale chargée d’organiser le référendum constitutionnel.
Pour la CET, les tueries et la pénurie des denrées de première nécessité sont révélatrices d’un mode de gouverner et de courants de pensées qui doivent changer pour ne pas donner une mauvaise réputation à notre pays.
‘’Ces situations créées volontairement ou par ignorance constituent des défis, et doivent nous interpeller tous, mais en tout premier lieu les gouvernants qui se sont donné comme seule raison d’être, de garantir la sécurité et le bien-être de leur peuple’’, interpelle la CET, citant quelques provinces touchées par des tueries et violences : Logone Oriental, Guéra, Tibesti, Moyen-Chari, Ouaddaï.
Au Sud, poursuit la CET, le lot quotidien des populations sont : les blessés, les morts, les enlèvements de personnes contre rançon, les cases et moyens de subsistance brûlés.
Qu’à l’origine, qu’il y ait des conflits intercommunautaires ou la brutalité des forces de défense et de sécurité, la CET estime que tous ces crimes sont imputables à l’autorité et à la mauvaise gouvernance des conflits.
Les Tchadiens ne meurent pas seulement de l’épée, des flèches et des balles. La pénurie de toutes sortes affaiblissent ‘’notre peuple et le tuent à petit feu”, écrivent les évêques.
‘’Gouverner c’est prévoir dit-on. …mais la pénurie que nous vivons aujourd’hui ne peut s’expliquer par un manque de prévision. Le prétexte de l’entretien de la raffinerie est tout simplement une insulte lancée à l’endroit de l’intelligence des Tchadiens et donc un mépris du peuple’’, s’insurge l’Eglise catholique.
Alors, s’interroge-t-elle, ‘’ faut-il appauvrir les Tchadiens, les affamer et réduire toute capacité de résistance pour les gouverner ‘’?
Le premier et le deuxième forum sous feu le maréchal du Tchad, le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) ont ‘’clairement’’ montré les ‘’manipulations des consciences avec les conséquences que nous connaissons. Le Référendum en préparation nous réservera-t-il le même sort ? Certains signes prémonitoires ne laissent aucun doute’’, alerte l’Eglise catholique.
La Commission nationale chargée de l’organisation du référendum constitutionnel (CONOREC), dans sa composition à tous les niveaux, n’’’inspire pas confiance”. Ne sera-t-il pas, se demande la CET, ‘’ un instrument de plus à ajouter à la stratégie actuelle d’appauvrissement et de terreur pour la conservation du pouvoir de la terreur car c’est ce peuple réduit à la misère qu’on se prépare à convoquer au Référendum ?’’.
L’Eglise catholique demande aux plus hautes autorités du pays d’être attentives aux cris du peuple. Pour arriver à cela, ‘’appliquons-nous à pratiquer la justice et le droit, à rechercher la paix, la sécurité et le bien-être pour tous en refusant de nous compromettre dans des pratiques courantes chez nous : le népotisme, la corruption et toutes les formes d’exclusions’’.
La CET invite tous les fidèles catholiques qui sont à des postes de responsabilité de sortir de leur silence et d’œuvrer avec courage pour que le processus du référendum enclenché se déroule dans la transparence, la justice pour garantir une paix véritable et durable.