Les affrontements en cours entre les forces loyalistes agissant sous la direction du Général Burhan et les éléments de FSR dirigés par le Général Mohamed Hamdan Dagalo dit “Hemeti” entraîneront des conséquences sur notre pays. Trois scénarios se présentent et le Tchad payera les frais.

1er scénario:

Supposons une défaite des éléments de Hemeti à la porte de Khartoum, ce serait synonyme de la reprise de la rébellion au Darfour, c’est à dire un Hemeti acculé va se retrancher dans son bastion traditionnel et va non seulement combattre les généraux de Khartoum mais aussi fera face à tous ses ennemis d’hier notamment d’autres forces existantes et appartenant aux tribus du Darfour. Ça serait une guerre de survie pour lui et ses éléments. On assistera alors au “Darfour 2” et tout ce que vous imaginez comme drame humanitaire, déplacés, réfugiés qui arrivent en milliers dans les pays voisins notamment le Tchad ainsi que les conflits intercommunautaires, puisque les vieux démons réapparaitront.

Hemeti donnera dans un premier temps un coup de pouce à ses proches de l’autre côté de la frontière à faire face aux autres communautés frontalières (exemple des communautés vivant entre deux pays) qui jadis vivaient à couteaux tirés. Dans ce grand bazar surgiront des leaderships apparentés avec Hemeti, souvent des parfaits inconnus et pas forcément des personnalités consensuelles, auront quand même des ambitions de conquêtes de pouvoir au Tchad.

2e scénario :
Supposons que Hemeti arrive à chasser ce qu’on appelle aujourd’hui les forces armées du Soudan (FAS) de Khartoum. Que se passera-t-il ? L’objectif de Hemeti ne serait pas de s’emparer et conserver le pouvoir mais serait également de chasser du pouvoir ces généraux et installer au bout de quelques mois un gouvernement civil. Un Pantin ou un individu acquis à sa cause, surtout qui respectera son statut en tant qu’une force paramilitaire à part entière.

C’est le message qu’il veut, d’ailleurs, envoyer au peuple soudanais depuis le début de la transition que lui, il est avec le peuple et les militaires (ses éléments) ne sont pas des assoiffés du pouvoir.

Et le Tchad dans ça ? Quoique notre pays connaîtra une période d’accalmie mais mouvementé, le temps que le nouveau maître de Khartoum arrive à “stabiliser” et à voir le bout du tunnel, pourrait prendre une année voire deux. Dès qu’il arrive à se situer de son statut au sein du Soudan dirigé par les civils installés par lui-même (rappelons bien), avec l’aide de Wagner (les paramilitaires russes), ils soutiendront toutes les dissidences tchadiennes, notamment ses cousins qui sont en nombre dans ses rangs et qui sont parfois issus des tribus arabes tchadiennes.

3e scénario: le statu quo

Un autre scénario aussi possible serait le fait que dans cette guerre, il n’y aura pas un gagnant à court terme. Il serait aussi probable que certaines villes puissent passer aux mains des généraux de Khartoum et d’autres contrôlées par les éléments de Hemeti. C’est à l’image de la Libye d’aujourd’hui (le camp de Khaftar et celui de Tripoli). Et donc, ce serait le statu quo. Et le Tchad dans ça ? Avoir un voisin instable, avec des frontières poreuses, la circulation des armes, les conflits tribaux, les drames humanitaires…, qui rendront la tâche incontestablement très difficile à notre pays.

Soumaine Mahamat Bougar, consultant sur le Sahel