La crise sociopolitique au Tchad ayant récemment conduit aux pertes en vies humaines, des nombreux blessés et des arrestations pendant et après les manifestations du 20 octobre 2022 interpelle la Convergence panafricaine (COPAN), une organisation de la société civile africaine résolument portée vers la défense des intérêts globaux des peuples africains, dans le cadre d’un panafricanisme concurrentiel très éloigné des stéréotypes dans ce cercle.

En notre qualité de président du COPAN, nous plaidons pour un retour à la paix en faveur de tous les fils et filles de cette nation meurtrie, qui a tant besoin de stabilité. Les Tchadiens sans distinction aucune doivent être les architectes de la paix et du compromis communautaire car l’histoire de la renaissance du Tchad à l’épreuve des défis de la transition ne pourra s’écrire que dans une dynamique d’inclusivité et par conséquent sans exclusion d’aucune composante de notre société.

Nous observons au niveau de la Convergence panafricaine qu’actuellement toutes les voies dissonantes qui concourent à l’avancement de l’idéal démocratique semblent être neutralisées avec l’absence d’un véritable dialogue entre certaines composantes majeures du pays, qu’elles soient de la société civile ou des oppositions. Il faut rappeler que la démocratie est vitale même pour assurer l’équilibre de la société et participe d’ailleurs à l’impulsion d’un développement consensuel à travers les confrontations des points de vue aux bouts desquels ressortent des options politiques de qualité. Or pendant les évènements du 20 octobre 2022, on a malheureusement assisté à un net recul démocratique qui aura considérablement remis en cause la réussite du dialogue national inclusif. Ce passé récent peu élogieux sur le plan de la paix et de l’unité de notre pays doit inspirer un schéma nouveau qui fera du Tchad un havre de paix dans le monde.

Il faut porter l’alerte à l’attention des différentes parties que toute rupture de dialogue sera préjudiciable pour la paix à moyen terme et aucun Tchadien, fut-il hostile aux orientations du gouvernement de transition, n’a sa place ni en exil ni en clandestinité. Le concept de la nation nous impose à tous, la primauté des intérêts collectifs sur les appétits individuels, il faut se pardonner et faire des concessions.

 Dans la dynamique de continuité du dialogue annoncé par le Chef de l’Etat, il faudra, au nom de la paix, de l’unité et de la réconciliation, regarder au-delà de nos antagonismes partisans, et rechercher les voies et moyens d’une décrispation de l’environnement sociopolitique au Tchad.

C’est dans cette perspective que nous exhortons, au nom de la Convergence panafricain, le Président Tchadien, le Général Mahamat Idriss Deby Itno, garant de la cohésion nationale sur quatre points principaux sous forme de recommandations :

  1. L’abandon des poursuites judiciaires à l’encontre des leaders de partis politiques et de la société civile ayant appelé à manifester le 20 octobre 2022;
  2. Lever la suspension des partis politiques énumérés dans l’Arrêté du Ministre de l’Administration au lendemain des manifestations ;
  3. Libérer tous les manifestants condamnés le 05 décembre dernier au terme d’une audience foraine ;
  4. Dédommager toutes les victimes du 20 Octobre 2022 ainsi que celles du 27 avril 2022.

Au nom de la paix, nous appelons à la sagesse du Président de transition de porter une réflexion profonde sur ces propositions, afin d’éviter que le pays plonge dans des incertitudes car les mesures de police actuelles vont très vite présenter des limites.

Djelassem Donangmbaye Félix

Enarque

Président de la Convergence panafricaine