Le tribunal spécial créé en décembre au Sénégal pour juger Hissène Habré démarrera ses activités le 8 février, a annoncé le ministère sénégalais de la Justice à Dakar où est réfugié depuis sa chute en 1990 cet ex-président tchadien poursuivi pour crimes contre l’humanité. «La cérémonie de lancement des activités des Chambres africaines extraordinaires créées au sein des juridictions sénégalaises pour juger les crimes commis au Tchad entre le 7 décembre 1982 et le 1er décembre 1990 aura lieu le vendredi 8 février 2013» au palais de justice de Dakar, a indiqué le ministère dans un communiqué daté de jeudi. «Cette cérémonie solennelle sera présidée par M.Ciré Aly Ba, administrateur desdites chambres, en présence des magistrats qui ont été désignés récemment par le Conseil supérieur de la magistrature», a-t-il ajouté. Il s’agit de quatre chambres spéciales: deux pour l’instruction et l’accusation, une Cour d’assises et une Cour d’appel, formées de juges africains, dont des Sénégalais, devant être nommés par l’Union africaine (UA). Jointe par l’AFP, une source proche du dossier a précisé: «Il s’agira du démarrage des activités du tribunal», expliquant ne pas pouvoir en dire plus dans l’immédiat. Aucune date n’a été fixée pour l’instant pour le début du procès. Hissène Habré vit en exil à Dakar depuis sa chute après huit ans au pouvoir au Tchad (1982-1990). Il est accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture. Des ONG parlent de 40.000 personnes tuées durant sa présidence. Le gouvernement sénégalais et l’UA ont signé un accord pour la création au Sénégal d’un tribunal spécial en vue de juger M.Habré, accord approuvé le 19 décembre par les députés sénégalais. Le Sénégal avait été mandaté en juillet 2006 par l’UA pour juger M.Habré, mais l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade n’a jamais organisé de procès. Son successeur, Macky Sall, qui a pris ses fonctions en avril 2012, a exclu d’extrader Hissène Habré en Belgique, qui le réclame, et s’était engagé à organiser un procès au Sénégal. «Après 22 ans d’abnégation et de ténacité, les victimes de Hissène Habré vont enfin entrevoir la lumière au bout du tunnel», a réagi Reed Brody, porte-parole de Human Rights Watch, qui soutient les victimes du régime de l’ex-président Habré. «Le Sénégal envoie ainsi un message fort aux dirigeants d’Afrique et d’ailleurs: en commettant des atrocités contre leur population, ils courent le risque de se retrouver un jour face à leurs victimes», a-t-il dit.

Source : L’expression