Mis en place le 20 avril 2021 après la mort du président maréchal Idriss Déby Itno, le Conseil militaire de transition (CMT), a, ce samedi 21 août 2021, 121 jours. Battant ainsi le record d’un autre régime d’exception, celui du défunt Lol Mahamat Choua qui a duré 120 jours.

Dans l’histoire politique du Tchad, le Conseil militaire de transition fait partie des régimes d’exception après celui du Conseil supérieur militaire (1975-1979), des GUNT (Gouvernements d’union nationale de transition) entre 1979-1982 et une autre transition entre 1993-1996 au début du régime MPS (Mouvement patriotique du salut). Parmi les GUNT, le régime le plus court a été celui de feu Lol Mahamat Choua qui a dirigé le premier gouvernement d’union nationale de transition à partir du 29 avril 1979.

Lol a été, en effet, à la tête d’un gouvernement provisoire de trente (30) membres avec comme vice-président le général Negué Djogo et des chefs de guerre avec des postes clés et stratégiques à savoir Goukouni Weddeye (Intérieur), Hissène Habré (Défense). Parmi les témoins de ce passage de 120 jours du président Lol à la tête du pays, il y a aussi l’actuel ministre d’Etat du CMT chargé du dialogue et de la réconciliation, Acheikh Ibn Oumar qui était secrétaire général adjoint du gouvernement.

Contrairement à l’actuel régime du CMT, qui assure, pour le moment les affaires courantes avec un gouvernement de transition, dans le calme et la sérénité, Lol Mahamat Choua n’a pas eu cette chance. Il a été porté à la tête du pays par des chefs de guerre qui ne s’entendaient pas et chacun ne voulait pas voir l’autre diriger le pays.

En quatre mois, cet administrateur civil qui n’a pas fait la guerre, ni rejoint la rébellion armée, a eu du mal à fédérer les voix discordantes autour de lui. Chaque faction rebelle représentée dans le gouvernement et ayant des combattants dans la capitale N’Djaména faisait à sa tête. Si ce n’est pas Goukouni et ses FAP qui faisaient la loi, ça sera Habré et ses FAN ou encore les MPLT dont Lol était membre. Les conseils des ministres seraient un véritable « bazar ».

Le gouvernement Lol, en proie aux dissensions internes et boycotté par la communauté étrangère, sera obligé d’accepter des pourparlers de réconciliation nationale qui seront convoqués du 14 au 21 août 1979 au Nigéria qui aboutiront à ce qu’on appelle les « Accords de Lagos ». La signature de ces accords emporta le gouvernement Lol qui démissionne cédant le pouvoir à Goukouni Weddeye qui sera à la tête du pays de 1979-1982.

Contexte différent

Si Lol n’a pas pu bénéficier d’une situation apaisée au sein de son gouvernement et le soutien de la communauté internationale, le CMT dirigé par le général de corps d’armée, Mahamat Idriss Déby Itno, est dans une situation tout à fait différente et un climat en sa faveur. Il est soutenu par la communauté internationale et la plupart des partis politiques, des organisations de la société civile et autres. Toutes ces forces vives se sont engagées dans la transition en vue de l’organisation des élections dans les 18 mois prévus.