Pour agir contre le blocage des réseaux sociaux et le coût exorbitant d’accès à Internet au Tchad, Internet Sans Frontières (ISF) entend organiser une campagne de mobilisation internationale, à partir du 19 janvier 2019.

Diffusée en ligne et hors ligne, cette campagne démarrera par des manifestations à Paris et à N’Djamena.  Il est aussi envisagé une levée de fonds pour financer des accès VPN pour les internautes tchadiens, ainsi que des discussions sur les réseaux sociaux autour du hashtag #MaallaGatétou qui signifie « pourquoi avez-vous coupé », en arabe tchadien. Chaque mois jusqu’à juin 2019, de nouvelles actions seront proposées, a fait savoir ISF à travers un communiqué rendu public aujourd’hui, 14 janvier 2019.

Pour Internet sans frontières, le Tchad est parmi les pires États de la planète s’agissant du respect des droits numériques. Depuis la réélection contestée en avril 2016 du président Idriss Déby, plus de 400.000 internautes tchadiens sont régulièrement privés d’un accès normal à Internet et aux réseaux sociaux pour des raisons politiques. « A cette censure gouvernementale s’ajoutent le coût exorbitant d’accès à Internet, et la qualité médiocre de la connexion, imposés par les compagnies de télécommunications », peut-on lire dans le communiqué.

Après une campagne menée par Internet Sans Frontières Tchad, le coût d’1Go de connexion est passé en novembre 2018 de 12 000 à 7 000 FCFA (environ 11 euros). Selon ISF, ces entraves à la pénétration et au développement d’Internet au Tchad violent le droit International, et rendent hors d’atteinte l’objectif de développement durable n°9c, qui promeut l’accès à Internet à un coût abordable d’ici à 2020.

« Les droits numériques des Tchadiens demeurent systématiquement bafoués. Les actions en justice devant des juridictions nationales et internationales n’ont pas permis de rétablir les droits des citoyens d’accéder à un Internet libre, ouvert et à un prix raisonnable » a fait savoir ISF. Face à cette situation, l’organisme lance un appel aux internautes tchadiens, africains et du monde, ainsi qu’aux organisations de défense des droits humains à participer à une campagne internationale et citoyenne d’actions pour l’établissement d’un Internet libre et accessible au Tchad.

« La cyber-brutalité et le verrouillage de l’espace numérique par les autorités tchadiennes démontrent clairement la montée des pratiques autoritaires sur Internet. Si rien n’est fait, les bienfaits d’Internet pour le progrès démocratique dans le monde, notamment en Afrique, seront réduits à néant, » a déclaré Abdelkerim Yacoub KOUNDOUGOUMI, Responsable Afrique Centrale d’Internet Sans Frontières.