A travers une longue lettre ouverte au ministre de l’Aviation civile et de la Météorologie nationale, 19 cadres de l’aviation civile écrivent que le décret No 375 du 25 août 2021  nommant le Directeur général et son adjoint de l’Autorité de l’aviation civile (ADAC) est contraire aux principes et font encourir de gros risques au Tchad.

Mahamat Adam Houno, 21 ans, est le nouveau Directeur général adjoint de l’Autorité de l’aviation civile (ADAC), depuis plus de trois semaines. Mais sa nomination, en même temps que le DG, continue de susciter des réactions.

Cette fois-ci, ce sont des cadres du domaine même de cette structure de l’aviation civile qui ont interpellé leur ministre de tutelle. Dans leur lettre ouverte, ils relèvent que le décret 375 du 25 août 2021 est « un véritable coup de grâce donné à notre système d’aviation civile déjà très mal au point dont la capacité de supervision de la sécurité de l’aviation civile évaluée conformément au Programme universel OACI d’audits de supervision de la sécurité (USOAP CMA) est la plus faible actuellement en Afrique centrale, hormis celle de la Centrafrique (à cause de sa situation particulière) ».

Ces cadres s’interrogent sur l’objectif recherché quand on nomme à la tête d’une « institution aussi sensible des personnalités aux profils inappropriés et sans expérience pertinente du métier de l’aviation ». Pour eux, « nulle part au monde », l’on a vu à la tête d’une autorité de l’aviation civile des mains « inexpertes et inexpérimentées » aux commandes ; car il s’agit de la protection des vies humaines. Ils regrettent donc d’assister à une « exception tchadienne » car le pays « feint d’ignorer » les documents indicatifs de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Car, relèvent-ils, pour être nommé DG ou DGA d’une autorité de l’aviation civile, il faut au moins dix (10) ans d’expérience et un diplôme du domaine.

En plus du fait que, selon eux, le décret nommant le DG et le DGA de l’ADAC  soit contraire aux principes, ils indiquent aussi que la plupart des directeurs de l’ADAC (10 sur 12) sont nommés  sans tenir compte de l’adéquation de leur compétence avec les domaines d’expertise qui leur sont confiés. De même, ils dénoncent des nominations anarchiques ou sans base juridique comme celle de 4 conseillers du DG et d’un auditeur interne alors que ces postes ne sont prévus nulle part.

De gros risques

Pour les 19 cadres, cette anarchie à l’ADAC fait encourir de gros risques. Il s’agit notamment de l’augmentation des risques d’accidents ; que l’Union européenne inscrive le Tchad sur la liste noire des destinations à hauts risques ou encore que l’OACI relève des Préoccupations Significatives de Sécurité (SSC : Significant Safety Concerns) ; ce qui l’amènera à déclarer l’espace aérien « insécure », une situation qui ferait partir du Tchad des compagnies aériennes sérieuses.

Pour éviter le pire, ces cadres de l’aviation civile proposent au ministre de prendre des « décisions courageuses et patriotiques pour sauver l’aviation civile au Tchad » en lui suggérant de :

  • proposer aux plus hautes autorités  l’annulation pure et simple du décret No 375 du 25 août 2021 ;
  • procéder à de nouvelles propositions de nominations dans le respect strict des textes de base de l’ADAC pour « redonner confiance au personnel aéronautique, aux usagers de l’aviation civile, à l’opinion nationale et à la communauté aéronautique internationale ;
  • ordonner l’annulation pure et simple des « recrutements fallacieux effectués à l’ADAC ces dernières années ».