La notion des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) est parfois mal comprise par le citoyen lamda. Aussi, le taux de pénétration des TIC au Tchad est très faible jusqu’à ce jour. Mekoné Tolrom, Ingénieur en Informatique travaillant au QG de Microsoft à Washington nous parle du secteur de l’Informatique et de son appréhension des TIC au Tchad.

Qu’est-ce que l’Informatique selon vous ?

Mekoné Tolrom : L’informatique, c’est l’art de collecter les données, les organiser et les exploiter, le tout d’une manière automatisée ou semi-automatisée. L’outil principal qui gère ce système d’information est l’ordinateur. Un exemple pratique de système informatique se voit dans la manière dont des plateformes comme Facebook collectent les informations volontaires (comme les commentaires, informations personnelles) et les informations involontaires (comme la localisation des utilisateurs), analysent ces informations, les croisent avec des informations venant d’autres sources et enfin présentent ces informations aux usagers selon leurs préférences, le tout accompagné de la publicité bien ciblée. L’information que les ordinateurs gèrent est un d’un volume qui donne du vertige. L’ordinateur accomplit ses taches en utilisant de la pure logique.

Comment voyez-vous le paysage des Technologies de l’Information et de la Communication au Tchad de nos jours ?

Cela fait dix ans que je vis en dehors du Tchad et je ne connais pas jusqu’à quel point les entreprises implantées au Tchad font usage de l’informatique. Mais je dois dire que globalement l’informatique n’est pas exploitée à fond. A travers le monde entier, ce qui motive l’utilisation de l’informatique est la concurrence commerciale. Les entreprises utilisent les technologies informatiques pour prendre de l’avance sur les concurrents. Je ne vois pas un marché réellement concurrentiel au Tchad. C’est un marché de monopole ou les consommateurs n’ont pas beaucoup de choix. Sans concurrence, la qualité n’est pas au rendez-vous. Sans qualité, la compétence n’a pas d’importance. Et quand il n’y a pas de besoin de compétence, la transparence n’a aucune importance. L’informatique peut aider le gouvernement à rendre ses services efficaces et obtenir un rendement optimal des travailleurs publics. L’informatique au Tchad peut accélérer l’élargissement du secteur privé par l’utilisation plus que rationnelle des ressources disponibles. L’informatique facilite l’innovation et la création de nouveaux produits.

Qu’est-ce qu’il faut faire pour promouvoir les Technologies de l’Information et de la Communication et vulgariser l’utilisation de l’outil informatique selon vous ?

Un seul groupe fait la promotion des nouvelles technologies : les usagers. Les NTIC sont extrêmement développées dans les pays comme les Etats Unis parce que l’accès à Internet est un phénomène très ordinaire. Pour commander à manger à partir de chez soi, les Américains utilisent l’Internet. Pour se rendre d’un endroit à un autre, Internet permet de trouver l’adresse et de guider grâce au GPS. Tout le travail de l’entreprise est accompli grâce aux technologies de l’information. Gérer la température dans une maison se fait grâce aux nouvelles technologiques. La lecture des journaux passe par Internet. Comment voulez-vous les nouvelles technologies ne progressent pas dans un tel environnement ? L’accès à Internet au Tchad est trop minimal. A part les grandes organisations disposant de connexion réelle à haut débit, les utilisateurs ordinaires n’ont que le minimum pour regarder quelques images sur Facebook et « aimer ». Pour développer les NTIC au Tchad, il faut faciliter l’accès à Internet.

Faut-il absolument avoir un baccalauréat scientifique pour poursuivre des études supérieures en Informatique ?

Non, j’ai un Bac A et je me sens à l’aise en informatique. Il suffit d’aimer la logique et être imaginatif. L’informatique est une technique et un art. Pour écrire un essai, on a un sujet, on rassemble les idées, on les organise logiquement et on passe à la rédaction de l’essai. Enfin, on relit l’essai pour corriger les fautes qui ont échappé à l’attention pendant l’écriture. En informatique, on a un problème. On réfléchit à la meilleure façon de résoudre le problème. On rassemble les idées. On les organise logiquement et on passe à la programmation. On teste l’application et on corrige les erreurs qui se sont glissées dans le programme. Même processus. Une vaste imagination aide autant en littérature qu’en informatique.

Avec L’Info