N’DJAMENA, 2 mars (Xinhua) — Lors de la 2e édition de la “Journée mondiale zéro discrimination” célébrée dimanche à N’Djaména, la capitale tchadienne, Mamadou Diallo, directeur général de l’ONUSIDA pour l’Afrique du Centre et de l’Ouest a salué la “loi de N’Djaména” qui a servi d’exemple aux autres pays du continent.

Le Tchad est “l’un des premiers pays en Afrique à avoir adopté, en l’an 2007, la loi portant sur la protection des droits des personnes vivant avec le VIH. Il a fallu aux législateurs, au gouvernement et au président tchadien énormément de courage politique pour s’engager dans cette voie au moment où la réaction unanime vis-à-vis du sida était le déni, le refus d’accepter la réalité”, a déclaré M. Diallo.

Le Tchad a fait des efforts remarquables ces dernières années pour offrir une prise en charge gratuite et une protection juridique aux malades de sida. Le taux de prévalence du sida est de 3,4% dans la population de 15-49 ans.

Le gouvernement tchadien, sur ses fonds propres, a décidé d’assurer une charge gratuite des malades du sida: dépistage, traitement et suivi. Ainsi, la mortalité liée au sida est en net recul et la survie des personnes vivant avec le VIH ne cesse de s’accroître.

Dans cette croisade fructueuse contre le sida, une personne a pesé de toute son aura: Mme Hinda Déby Itno, qui préside l’Organisation des Premières dames d’Afrique contre le sida. C’est sous ses auspices que chaque 1er mars a été consacré depuis 2014 par l’ONUSIDA comme “Journée mondiale zéro discrimination des personnes vivant avec le VIH”.

La Première dame du Tchad se fait, depuis plusieurs années, le devoir de travailler sans relâche pour combattre la discrimination envers les malades du sida. “Nous devons parler du VIH et du sida comme des autres pathologies. Le sida n’est ni une maladie honteuse ni un tabou”, insiste-t-elle.

Naradoum Nahodjingar, secrétaire exécutif du Réseau national tchadien des associations des personnes vivant avec le VIH (RNTAP), a reconnu que le Tchad “a consenti de gros efforts pour lutter contre ce phénomène à travers les textes juridiques”.

“Mais beaucoup reste à faire pour l’accès universel à la santé et aux droits des couches vulnérables, car la stigmatisation envers les personnes vivant avec le VIH prend de plus en plus de proportions très inquiétantes, tant dans les communautés que dans les milieux professionnels”, a-t-il affirmé.

Selon les résultats d’une étude, réalisée en 2013 par le Réseau avec le CNLS (Conseil national de lutte contre le sida), sur un échantillon de 1.194 personnes vivant avec le VIH, plus de 56% ont déclaré avoir été l’objet de discrimination ou stigmatisation de la part de leurs familles et leurs entourages. Dans cette course à la discrimination, la capitale économique tchandienne, Moundou, vient en tête avec un taux de 81%, suivie de N’Djaména (56%), Abéché et Mongo (46%) et Sarh (41%).

“Ces chiffres sont provocateurs et méritent des actions plus énergiques sous toutes leurs formes, tant de nos jours, ce n’est pas le sida qui tue, mais c’est plutôt la stigmatisation et la discrimination qui tuent les personnes vivant avec le VIH”, explique M. Nahodjingar.

Mme Haoua O. Dagui, après avoir découvert sa séropositivité il y a quinze ans, a subi “les pires discriminations” : renvoyée par sa famille, par son employeur et son bailleur.

“Aujourd’hui, j’ai vaincu le VIH/sida grâce à la gratuité des traitements”, a déclaré cette mère de six enfants tous sains.

M. Nahodjingar a souligné que les personnes vivant avec le VIH “n’ont besoin que de l’amour et de la compassion de leurs parents, car la santé et le bien-être ne peuvent être réalisés sans le respect de la dignité, la promotion et la protection des droits humains pour tous”.