NDJAMENA, 23 août (Xinhua) — Pour prévenir toute infiltration du virus d’Ebola sur son territoire, le gouvernement tchadien multiplie les mesures et actions.

Après avoir mis en place des équipes médicales de surveillance et entrepris une campagne de sensibilisation, il vient de fermer les frontières avec les pays voisins suspectés.

Au poste frontalier de Nguéli, en face de la ville camerounaise de Kousséri, les mouvements humains sont soigneusement filtrés par des policiers et gendarmes tchadiens, mais également par des agents du ministère de la Santé publique.

“Le site accueille toute personne venant de la zone d’épidémie d’Ebola. Nous enregistrons tous ceux qui ont transité par le Nigéria prenons leur température, puis suivis pendant leur séjour dans la capitale tchadienne”, déclare Gonzouli Bangala, chef adjoint de surveillance contre le virus d’Ebola.

“Si une personne qui entre au Tchad a transité par un pays en épidémie, on la suit quand bien même elle n’a pas fait la fièvre, car la fièvre d’Ebola se déclenche au bout de vingt-un jours”, ajoute M. Gonzouli Bangala.

Comme à Nguéli, le gouvernement tchadien a installé le même dispositif de surveillance à toutes les entrées terrestres, fluviales et aériennes de ce vaste pays de plus de 1,2 million km2.

“Ces équipes fonctionnent 24h/24. Nous avons, avec l’aide des partenaires, pu acquérir des thermomètres thermiques, et bientôt des scanners thermiques”, a annoncé jeudi le Premier ministre tchadien, Kalzeubé Payimi Deubet, aux chefs de partis politiques.

“A l’entrée, si on détecte une personne qui fait une forte fièvre, on fait appel à l’ambulance du site d’isolement qui est à Milezi; ils viennent la chercher et c’est de là-bas qu’ils l’ isolent pour le suivi médical”, explique Gonzouli Bangala.

Le chef adjoint du poste de surveillance de Nguéli précise que depuis que son équipe est déployée sur le terrain, aucun cas de virus d’Ebola n’est détecté. “Toutefois la vigilance doit être de mise”, a-t-il dit.

Dans la nuit du 8 au 9 août, une folle rumeur, largement véhiculée par des messages téléphoniques, avait fait état de la présence de deux cas d’Ebola sur le territoire tchadien. Très vite, le gouvernement tchadien est sorti de sa réserve pour dénoncer une fausse alerte.

“Aucun cas de fièvre hémorragique Ebola n’a été décelé à ce jour au Tchad”, a démenti le secrétaire d’Etat tchadien à la santé publique, à l’action sociale et à la solidarité nationale, Assane Nguéadoum.

Lors de sa traditionnelle conférence de presse du 10 juillet, en prélude à la fête commémorative de l’indépendance de son pays, le président tchadien Idriss Déby Itno est également monté au créneau pour affirmer qu'”il n’y a aucun virus Ebola au Tchad”.

Pour parer à toute éventualité, des formations spécifiques sur la fièvre Ebola sont faites à l’attention des agents de santé, des autorités administratives et sanitaires des régions frontalières avec le Nigéria et le Cameroun. Des messages de sensibilisation sont régulièrement diffusés sur tous les médias privés et publics du pays.

Les leaders religieux, politiques et traditionnels sont également mis à contribution pour sensibiliser les populations sur les gestes de prévention: boire de l’eau bouillie ou assainie à l’ eau de Javel, manger des repas chauds, ne pas consommer de la viande de brousse, éviter les toilettes mortuaires et les rites funéraires habituels, etc.

Depuis le début de la semaine courante, les autorités tchadiennes ont accru la vigilance contre Ebola, en suspendant tous les vols en direction et en provenance du Nigéria.

M. Deubet a reconnu que la fermeture de la frontière avec le Nigéria au niveau du Lac aura des répercussions économiques sur le Tchad, un pays totalement enclavé et qui dépend de son grand voisin de l’ouest.