N’DJAMENA, 5 février (Xinhua) — Le gouvernement tchadien a créé le week-end dernier une Commission nationale de contrôle des services de la police nationale (CONAPOL) chargée de faire la lumière sur les personnels et les moyens de travail de la police, gangrenée par des brebis galeuses et par la petite corruption.

“Toutes les dispositions sont prises; nous allons débuter le contrôle dans les prochains jours”, a confié à Xinhua Ngrabé Ndoh, rapporteur de la CONAPOL.

La Commission est présidée par l’ancien patron des renseignements généraux, Mahamat Ismael Chaïbo, et comprend une vingtaine de personnalités, dont deux anciens ministres de la Défense nationale, l’ancien directeur général de la police nationale et l’actuel titulaire du poste.

Elle a pour mission générale d’œuvrer à l’assainissement de tous les services de la police nationale à travers plusieurs activités, selon le décret présidentiel signé, par délégation, par le nouveau Premier ministre, Joseph Djimrangar Dadnadji.

Plus spécifiquement, la Commission est chargée d’effectuer un contrôle physique de tous les personnels assorti de la délivrance, pour chaque agent contrôle, d’un identifiant et d’un carnet individuel; un contrôle physique des matériels et de leur état de fonctionnalité; un contrôle de la comptabilité financière et matérielle de la police nationale, ainsi que “toute initiative de nature à corriger les insuffisances du bon fonctionnement des services”.

Pour accomplir ses missions, elle est autorisée à accéder à tous les documents de travail dont l’exploitation qui lui paraît nécessaire.

La CONAPOL peut prendre des sanctions disciplinaires prévues par le statut particulier de la police nationale, dégager du corps de la police tout fonctionnaire qui y a accédé illégalement ou y est irrégulier. Ces mesures sont d’application immédiate, précise le décret susvisé. Selon le même texte, la Commission dispose d’un mois pour déposer le rapport de sa mission au chef du gouvernement.

“L’armée, la gendarmerie et la garde nomade nationale ont été contrôlées et réorganisées en 2012. Aujourd’hui, c’est le tour de la police. Le contrôleur est contrôlé”, dit le ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration, Ahmat Mahamat Bâchir, avec un brin d’humour.

Selon lui, la cause principale qui a poussé le chef de l’Etat à prendre un acte pour mettre en place une Commission de contrôle général physique de la police est que les citoyens se plaignent d’être arnaqués, maltraités par la police.

Ces dernières années, il y a eu des vagues successives de recrutements massifs au sein de la police nationale. Et M. Mahamat Bâchir reconnaît qu’il y a des brebis galeuses parmi les forces de l’ordre. “Nous voulons simplement nettoyer la police des brebis galeuses, mettre en place une police nationale efficace au service des populations, une police nationale bien équipée, bien organisée pour faire face au phénomène d’insécurité et protéger les populations et leurs biens”, précise-t-il.

En prélude à ce grand coup de balai, le directeur général de la police nationale, son adjoint et le directeur de la Sécurité publique ont été débarqués samedi dernier et remplacés par de nouvelles personnalités. Les “bérets noirs”, eux aussi, ont disparu de la circulation.

“Gare aux bandits et autres malfrats qui pensent que la police n’est pas là et qu’ils peuvent commettre allègrement leurs forfaits! Les forces de l’ordre de deuxième catégorie sont en place partout et n’hésiteront pas à réprimer tout acte contraire à la loi ou à l’ordre public”, prévient le ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration.

Ainsi, ce sont les gendarmes et gardes nomades qui assurent l’intérim dans tous les commissariats de police de N’Djamena et des provinces. Et les agents de la police municipale ont pris possession des ronds-points et des grandes artères de la capitale où ils régulent la circulation. La tâche n’étant pas simple, ces derniers la font autant qu’ils le peuvent.

Les motocyclistes sont les premiers à se réjouir de l’absence des “bérets noirs”. “Dieu merci. Tu peux sortir de chez toi et rouler paisiblement sans tomber sur ces arnaqueurs”, dit Adoum Brahim, un conducteur de mototaxi.

Depuis deux ans, le gouvernement a imposé le port de casque aux motocyclistes. Les policiers, qu’ils soient de la Brigade de la circulation routière ou d’une autre section, ont trouvé là une occasion de racketter les chauffeurs.

Pendant tout le mois de février, les motards et les chauffeurs de taxis et de camions n’auront plus à fuir les “bérets noirs” ni à leur donner en cours de route de l’argent afin de dissimuler les fautes de leur véhicule.