Les incendies dans les stations-service et autres points de vente de recharge des produits pétroliers deviennent de plus en plus récurrents au Tchad et précisément à N’Djamena. Les derniers en date sont ceux qui se sont produits le vendredi 3 mars et celui du mercredi 15 mars 2017. Si ces deux incidents n’ont pas causé des dégâts humains, on peut croire que c’est le coup du destin.

La tendance en ville aujourd’hui est à la création des stations-service. On les rencontre à chaque coin et recoin des quartiers. Ce qui rend d’une manière ou d’une autre service aux usagers. En temps normal on s’en réjouirait. Mais, l’on est en droit de se poser la question est-ce que ces points de vente des produits pétroliers respectent les normes ? Leur proximité avec les habitations ne met-elle pas en danger la vie de populations riveraines dans une ville où le service des sapeurs-pompiers est aussi rudimentaire?

L’exploitation de la raffinerie de Djarmaya à la sortie Nord de la capitale N’Djamena depuis 2011 a accentué la prolifération des stations de carburant. En plus des stations-service des grandes sociétés d’hydrocarbures, les particuliers ont pris d’assaut le secteur. Il se pose un problème de règlementation de ces stations qui, pour le moins qu’on puisse dire échappent aux normes en vigueur. La sécurité de la population est ainsi mise en cause au profit du gain des commerçants.

Selon les textes en vigueur, la construction d’une station-service est soumise à certaines règles de procédure. La demande d’exploitation adressée au ministère en charge des hydrocarbures doit être accompagnée de certains documents, entre autres : un plan cadastral et un arrêté de gré à gré ; un arrêté d’attribution ou une note d’affectation de terrain ; un permis de construire définitif délivré par la mairie ; un devis estimatif du projet de construction de la station ; un plan d’ensemble situant le point de distribution par rapport aux constructions et terrains contigus ; un plan d’ensemble, montrant la position des stations existantes, établissements scolaires, lieux publics, axes routiers, bâtiments administratifs. Une mission d’inspection des agents de la direction de raffinage est exigée sur le terrain avant de procéder à l’agrément d’exercice.

Or, la pratique est toute autre. Les stations-service qui, dans les normes devraient se situer à une certaine distance des habitations y sont collées, mettant ainsi en danger les riverains. Entre mars et août 2013, une mission d’investigation du ministère de l’assainissement et de la promotion de la bonne gouvernance d’antan a permis de se rendre à l’évidence.  L’enquête qui portait sur la délivrance des lettres d’octroi des stations-service dans la ville de N’Djamena a révélé que, « sur les 97 sites ciblés, 30 seulement ont été réellement attribués et confirmés, 15 proposés au transfert, 23 non identifiés, 23 indisponibles et 06 hors liste ».

Les incendies de ces derniers temps à N’Djamena tout comme dans les autres villes du pays sont comme un avertissement en vue de revoir le fonctionnement de stations-service et autres points de vente des produits pétroliers. L’application stricte des textes en la matière s’avère nécessaire pour garantir la sécurité des populations et éviter le pire.