ÉDUCATION – Le ministère des Finances et du Budget et celui de l’Education nationale, en partenariat avec l’Unicef, ont lancé ce 27 février 2019, une plateforme de contrôle citoyen de l’effectivité de la présence des enseignants sur le territoire national.

L’absence d’un enseignant à son lieu d’affectation peut désormais être signalée à travers le réseau de téléphonie mobile Tigo en composant *707#. Il s’agit une œuvre de l’Observatoire tchadien des finances publiques (OTFiP). Le projet est parti d’un constat selon lequel le taux d’absentéisme des enseignants est très élevé et c’est l’une des causes de la baisse de niveau des élèves tchadiens comparé aux autres pays africains francophones. Le gouvernement et ses partenaires utilisent cette nouvelle approche pour s’assurer de la présence effective du personnel enseignant dans les établissements scolaires.

L’Unicef, partenaire financier de cette plateforme, trouve que la présence effective du personnel enseignant dans les lieux d’affectation dans le respect du calendrier scolaire est un critère indispensable de la qualité de l’éducation. Pour la représentante de l’Unicef au Tchad, Dr Viviane Van Steirteghem, « en 2018 la masse salariale du ministère de l’Education nationale a représenté 88% des dépenses totales du ministère, et 30% des dépenses du personnel civil de l’Etat. D’où l’importance de l’effectivité de la présence des enseignants afin d’assurer l’efficacité de l’éducation ». Malgré plusieurs contrôles et recensements du personnel de l’Etat, certains enseignants continuent d’être absents à leurs postes d’affectation. « Même s’ils sont présents, leur présence effective dans les classes est à déplorer » précise la représentante de l’Unicef au Tchad.

Selon le rapport du Programme d’analyse des systèmes éducatif PASEC 2014, une grande proportion des élèves du primaire ne maitrise pas les connaissances et compétences suffisantes pour poursuivre une scolarité dans de bonnes conditions. 83,3% en lecture et 80,9% en mathématiques.

En effet, le contrôle citoyen se généralise en Afrique comme un soubassement des politiques sociales. Dans ce sens, « l’Unicef s’engage aux côtés du gouvernement tchadien pour établir une plateforme de contrôle citoyen qui contribuera à accroitre le taux d’effectivité des enseignants, à améliorer les performances du secteur et le niveau d’apprentissage des enfants, ainsi qu’à maitriser les dépenses du personnel enseignant » selon  la représentante de l’Unicef, Dr Viviane Van Steirteghem.

Le ministre de l’Education nationale et de la Promotion civique, Aboubakar Assidick Tchoroma, dit que son département ne cesse d’enregistrer des plaintes quant à l’effectivité des enseignants à leurs postes. Ce qui constitue selon lui un manque de gain d’enseignement pour les jeunes élèves. Pour le chef du département de l’Education nationale, « la nécessité de disposer d’un outil de contrôle pouvant garantir la présence du personnel enseignant dans leur lieu d’exercice s’impose ». Cette méthode selon Aboubakar Assidick Tchoroma, permettra à son département d’améliorer qualitativement les dépenses publiques d’éducation au Tchad.

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Lançant la plateforme de contrôle citoyen de l’effectivité de la présence des enseignants, le ministre des Finances et du Budget, Allali Mahamat Abakar, indique que le projet s’inscrit dans la logique d’amélioration de la qualité des dépenses publiques. Et, le choix du ministère de l’Education nationale n’est pas fortuit car il représente entre 2012 à 2016, 43% des dépenses du personnel civil de l’Etat.

Le ministre Allali Mahamat Abakar précise que l’abandon de poste par le personnel enseignant a un effet négatif sur les performances du système éducatif du Tchad. «Le contrôle citoyen va donc non seulement renforcer les capacités des populations à participer et contrôler la gestion des affaires mais aussi à améliorer la redevabilité des acteurs publics » dit-il.

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