Depuis quelques années, le gouvernement tchadien et ses partenaires ne cessent de fournir d’efforts pour favoriser l’accès à l’éducation, à un nombre élevé d’enfants. Ce qui est donc une bonne nouvelle pour le pays puisque son développement en dépend. En dépit de ces efforts, l’on constate que, la majorité des enfants qui entrent dans le système scolaire au Tchad le quittent sans acquérir les connaissances de base nécessaires. Le rapport de la commission de l’enquête parlementaire sur le système éducatif tchadien et la politique nationale de la jeunesse rendue publique fin mai est alarmant.

Il est vrai, l’accroissement exponentiel du nombre d’enfants dans les écoles tchadiennes est une réalité qu’on ne peut nier ni ignorer. Mais ce qui est déplorable c’est que la plupart de ces enfants qui sont envoyés à l’école n’apprennent pratiquement rien, ou peut-être trop peu pour se défendre dans la vie quotidienne. Il ne suffit pas de faire une longue investigation pour se rendre à l’évidence. Dans les familles comme dans les quartiers, l’on peut constamment voir ces jeunes et enfants qui n’arrivent pas à écrire correctement une phrase simple ni à lire, alors qu’ils sont dans les collèges et lycées. C’est justement pour se plaindre de cette situation que la Banque Mondiale a parlé dans l’un de ses rapports de la crise mondiale de l’apprentissage.

Selon le rapport de la commission de l’enquête parlementaire sur le système éducatif tchadien et la politique nationale de la jeunesse, « trop d’enfants sortent du système scolaire sans savoir correctement lire, écrire et compter. Et beaucoup d’élèves passent 10 à 15 ans sur le banc de l’école pour rien, ne maîtrisant à la fin de leur cursus ni la langue, ni une pratique, ni un métier ». Ce problème dont souffre l’école tchadienne a des causes multidimensionnelles. Pour certains spécialistes de l’éducation, si de nos jours plus de la moitié des élèves des classes de 4e, 3e et autres n’arrivent pas à lire ni à écrire convenablement une phrase simple, c’est parce que les manuels pédagogiques sont inadéquats avec les réalités des élèves et, l’on assiste intempestivement au changement des méthodes d’enseignement et d’apprentissage dans les écoles tchadiennes.

« À notre époque, les choses n’étaient pas comme maintenant. Nos enseignants étaient très rigoureux dans leur travail et n’hésitaient pas de nous punir quand nous ne respectons pas le contrat didactique qu’il y avait entre eux et nous. C’est pourquoi vous constatez aujourd’hui que les vieux qui ont quitté précocement l’école entre-temps s’expriment clairement en français, quoiqu’ils n’aient pas fait de longues études. Pourquoi ça ne peut être le cas aujourd’hui ?» s’interroge un sexagénaire.

Face à cette situation désastreuse, le philosophe de l’éducation, Djimrassem Thales pense que parler de la baisse de niveau ne serait qu’un euphémisme. Ainsi, il préfère parler plutôt de l’absence de niveau que de la baisse de niveau.

L’amélioration de cette situation est plus qu’une urgence. Le problème est là et ses origines sont bien connues. Il suffit tout simplement que tous les acteurs du système éducatif s’engagent à faire consciemment leur travail pour voir des résultats satisfaisants venir naturellement. Des élèves en passant par les enseignants jusqu’aux parents et administrateurs scolaires, l’engagement doit se faire sans faille.