N’DJAMENA, 1er mai (Xinhua) — En commémorant mercredi la fête internationale du travail, placée cette année sous le thème ” Ensemble contre la mauvaise gouvernance, l’injustice et la répression syndicale”, les travailleurs du Tchad ont appelé le gouvernement à plus de justice au sein de la société tchadienne et entre les différentes organisations syndicales du pays.

“Nous avons pendant très longtemps subi la discrimination syndicale sans réagir conséquemment. L’UST est la plus ancienne centrale, mais aussi la plus représentative; et nous continuons à subir injustement la non reconnaissance de ce droit parce que le gouvernement continue à accorder des privilèges importants aux organisations qui ne représentent rien sur le plan syndical”, indique Barka Michel, président de l’Union des syndicats du Tchad (UST).

La solution à cette injustice est, selon l’UST, dans la représentativité syndicale, “un principe universel que tout Etat membre de l’Organisation internationale du travail se doit de respecter”. La centrale syndicale recommande ainsi dans son cahier de doléances, remis au gouvernement mercredi au gouvernement, l’organisation “imminente des élections sociales ou élections de représentativité pour assainir définitivement le paysage syndical au Tchad”.

A l’issue de ces élections, le ministre de la Fonction publique et du Travail devra consacrer, par arrêté et chaque année, la centrale syndicale la plus représentative, comme l’exige le Code tchadien du travail. Les subventions devront également être versées aux différentes centrales syndicales selon leur représentativité.

Par ailleurs, l’UST exige, dans son cahier de doléances, le respect des textes et lois de la République pour une justice équitable pour tous et une égalité entre les Tchadiens. Il dénonce la corruption qui mine l’administration tchadienne et déplore la situation sociale du travailleur tchadien.

Du 17 juillet au 19 décembre 2012, à l’appel de l’UST, les travailleurs du secteur public du Tchad ont observé une longue grève pour revendiquer l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Le 28 mars, un accord est signé entre le gouvernement et la principale centrale syndicale, mettant fin à un long bras-de-fer aux conséquences fâcheuses, notamment la mort en prison d’un leader syndicaliste, Mbaïlaou Bétar Gustave, célébré aujourd’hui en héros par ses camarades.

L’accord précité prévoit l’adoption d’une nouvelle grille salariale des fonctionnaires appliquée aujourd’hui à 60%; le reclassement et le reversement des fonctionnaires dans la nouvelle grille; l’adoption, l’approbation et l’exécution d’une nouvelle grille salariale des agents contractuels des services publics; l’approbation et l’exécution d’une nouvelle grille salariale des travailleurs du secteur privé; la rectification des retenues de salaires opérées sur les salaires des grévistes; la réhabilitation des leaders syndicaux affectés pour effet de grève.

“La crise est profonde et elle n’a pas encore totalement trouvé de solution. Tout ce qui est à l’origine de nos revendications est resté intact: cherté des produits de première nécessité, mauvaise gouvernance, injustice sociale, etc.”, affirme le président de l’UST qui brandit la menace d’une nouvelle grève si le gouvernement laisse dormir leurs doléances dans les tiroirs.

“Toutes vos revendications feront l’objet d’une attention particulière du gouvernement qui examinera avec eux, dans le cadre du Comité national de dialogue social, les solutions les plus appropriées”, rassure Ahmat Djidda Mahamat, ministre de la Santé publique, représentant le chef de l’Etat à la fête du 1er mai.

Selon lui, le gouvernement tchadien reste ouvert au dialogue et considère les syndicats comme des partenaires à part entière avec lesquels il continuera à entretenir un dialogue ouvert et sincère.

“C’est dans le dialogue et en une foi inébranlable en notre pays que nous gagnerons le pari de faire de notre pays une Nation forte, prospère et solidaire”, martèle-t-il.

M. Djidda Mahamat a également exhorté le patronat et les organisations des travailleurs à entrer en dialogue, dans un esprit coopératif, pour concilier la recherche de la compétitivité et l’amélioration des conditions de vie et de travail.

Il a, enfin, annoncé la reforme de l’administration publique, la révision du Code de travail, l’adoption du premier Code de sécurité sociale du Tchad et l’élaboration de la politique nationale de l’emploi.