ENQUETE – Pour accompagner les cultivateurs cette année dominée par la pandémie du Coronavirus, le chef de l’Etat lors de son adresse à la Nation le 14 avril, a annoncé la rétrocession des tracteurs à des groupements et des producteurs indépendants. Seulement, dans la pratique, des demandeurs dénoncent des agissements peu orthodoxes.

Des soupçons et des spéculations de tous genres sont rapportées par certaines sources. Le ministère des Productions, de l’irrigation et des équipements agricoles est indexée. D’aucuns font état d’une exportation frauduleuse des tracteurs neufs subventionnés par l’Etat, vendus à 3 millions Fcfa puis acheminés vers le Soudan, pour être revendus à près de 20 millions Fcfa.

Selon nos recherches, le comité interministériel chargé de rétrocession des tracteurs a enregistré plus de 1 300 demandes pour seulement 1 000 tracteurs disponibles. Ce comité ne dispose pas selon des sources concordantes, d’un pouvoir décisionnaire. « Tout est dicté par la hiérarchie » révèle une source proche du comité.

Ainsi, des marchandages, des concussions, des enveloppes nocturnes, et autres pratiques peu catholiques se développent autour de la rétrocession des tracteurs. La cour du ministère de la Production, de l’Irrigation et des Equipements Agricoles, ainsi que celle de la Société Industrielle des Matériel Agricole et Assemblage de Tracteurs (SIMATRAC), sont devenues carrément un marché depuis l’annonce de la rétrocession des tracteurs. Par des petits groupes ou en solo, ces « supposés » demandeurs des tracteurs ou « démarcheurs » pullulent entre les bureaux.

« Regardez, tous ces tracteurs sont affectés à des personnes qui ne sont ni producteur, ni cultivateur. Nous qui devrons vraiment utiliser ces machines, personne ne veut nous accorder une oreille attentive. Si les autorités pouvaient voir ce qui se passe réellement dans cette opération »

Sous le regard impuissant des responsables de groupements ou des producteurs indépendants, qui ont battu les pavées, des tracteurs sortent du garage de la SIMATRAC souvent sans des pièces travaillantes et se dirigent vers le centre-ville. « Regardez, tous ces tracteurs sont affectés à des personnes qui ne sont ni producteur, ni cultivateur. Nous qui devrons vraiment utiliser ces machines, personne ne veut nous accorder une oreille attentive. Si les autorités pouvaient voir ce qui se passe réellement dans cette opération » se lamente un responsable d’un groupement venu suivre son dossier, dans un bureau très exiguë du ministère en charge de l’Agriculture.

Sur les spéculations, et les diverses rumeurs, le comité interministériel de rétrocession des tracteurs a répondu à nos confrères du quotidien Le Progrès que : « quand il y a partage, il y a toujours des problèmes. Toutefois, le comité a déclaré que dans la rétrocession surtout des tracteurs neufs, certains « cadres » qui se sont reconvertis dans l’agriculture ont aussi bénéficier. » Pourtant, certaines sources renseignent que, la plupart des bénéficiaires seraient des hauts gradés de l’armée.

Dans tous les cas, le comité ne contredit pas qu’il agit sur ordre du ministère de la Production, de l’Irrigation et des Equipements Agricoles. « Nous obéissons aux instructions données par la hiérarchie. Elle peut décider de nous instruire à donner un tracteur à un tel ou tel » confie un membre du comité.

Pourtant, des critères sont bien définis pour la sélection des candidats et la rétrocession des tracteurs. Les bénéficiaires des tracteurs neufs paient 3 millions, les tracteurs en bon état, les prix sont fixés à 1,5 millions, les tracteurs en panne légère, coûtent 1 million, les tracteurs en panne moyenne à 500 000 Fcfa. Les critères exigés sont entre autres, adressé une demande sous la banière d’un groupement, versé le montant fixé dans un compte dans une banque primaire de la place, etc.