Conformément aux vœux exprimés par les plus hautes autorités du pays d’organiser tous les deux ans des forums, un second Forum national inclusif est en vue. Le gouvernement vient de désigner une équipe qui doit s’atteler à la tenue de cette rencontre d’une portée nationale d’ici le mois prochain. Voici ce qu’on peut retenir du premier tenu en mars 2018.

Par décret du 23 septembre 2020, le président de la République, Idriss Déby Itno, a mis en place une commission composée d’une dizaine de personnes qui doit préparer le 2e forum national inclusif. Cette rencontre doit permettre à tout le gratin politique d’évaluer les conclusions pertinentes du forum tenue en 2018. Il faut rappeler que lors de la clôture des assises dudit forum de 2018, le président Déby a assené que désormais tous les deux ans, un forum doit se tenir pour mesurer le chemin parcouru.

Les grandes décisions du forum de 2018

La rencontre de 2018 a été boycottée par une frange de l’opposition démocratique qui a estimé que toutes les conditions ne sont pas réunies pour participer à ce forum qui se ressemble à une foire du parti au pouvoir. Elle a emporté plusieurs institutions de la République. Il s’agit de la Primature, du Conseil constitutionnel, de la Médiature de la République, du Collège de contrôle et de surveillance des ressources pétrolières. Le Conseil économique, social et culturel qui devrait passer à la trappe a résisté grâce aux arguments développés par le président du présidium du forum, Dr Nouredine Delwa Kassiré Koumakoi. Il a réussi à convaincre les participants qui ne voulaient pas voir une institution qui ressemble à une caisse de résonnance et qui coûte chère au budget de l’Etat.

En lieu et place de ces institutions dissoutes, les participants ont porté sur les fonts baptismaux les collectivités autonomes des chefferies traditionnelles. Une institution copiée du Sénégal qui doit aider à résoudre les différends qui opposent les éleveurs et agriculteurs. En dehors de cette mission, ces autorités traditionnelles devraient œuvrer pour consolider la cohabitation pacifique, mise à mal par ces sempiternels conflits et le vivre-ensemble. Mais les mauvaises langues ont laissé entendre que le bilan de ces gardiens de nos us et coutumes n’est pas satisfaisant. Ils ne sont pas visibles et les conflits intercommunautaires continuent de faire des victimes au sein de nos populations.

Il faut rappeler que lors des travaux de ce forum, les participants ont décidé de remplacer les régions du pays par des Provinces et que la ville de N’Djamena doit avoir un statut particulier. Ils ont préconisé que l’on revienne aux anciennes quatorze Préfectures mais en scindant le Borkou Ennedi Tibesti (BET) en trois Préfectures. Ce qui fera au total dix-sept Provinces mais finalement au moment de l’application, les pouvoirs publics ont préféré garder les 23 Provinces pour ne pas heurter certaines sensibilités politiques.

Une Constitution consacrant la quatrième République, le serment confessionnel et l’âge pour être candidat à la Présidentielle ont été adoptés. S’agissant du serment confessionnel, la suppression de la Primature, des sous-préfectures, désormais le président de la République doit être élu pour un mandat de six ans renouvelable une seule fois, tandis que la question du fédéralisme a été abandonnée. Les participants ont préféré garder la décentralisation. Il faut dire que beaucoup d’encre et de salive ont coulé.

Alors aujourd’hui le monde attend ce forum qui se tiendra certainement en octobre afin d’évaluer les résolutions et recommandations de celui de 2018 en vue de repartir sur des nouvelles bases. D’autres rumeurs laissent croire que l’on allait réhabiliter la Primature afin de redonner à l’administration ses lettres de noblesses.